Où est le côté sombre des Stranglers ?
Depuis la résurrection de "Norfolk Coast", les Stranglers sont de nouveau un groupe passionnant, nostalgie mise à part. On attendait donc avec impatience leur nouvel album, délivré cette fois des contingences commerciales du fait de la fin de leur contrat avec EMI. "Giants" ne répond pas complètement à nos espoirs, bien évidemment : il est parfaitement réjouissant de retrouver nos étrangleurs partant vaillamment à l'exploration d'une multitude de styles musicaux (pub rock, punk, pop anglaise classique, ska, et même prog rock ou heavy metal tango, ce dernier genre étant une invention maison, bien entendu), mais cet éclectisme réjouissant oublie en chemin cette brutalité malsaine qui en a fait un groupe à part, même lors des phases les plus commerciales de leur carrière. Quelque part, malgré les mélodies souvent convaincantes, malgré l'inventivité musicale qui reste la règle, "Giants" manque de profondeur, et les Stranglers n'entrouvrent jamais ici la porte sur leur "côté sombre", celui qui est le plus provocateur, celui que nous aimons le plus. Dommage… [Critique écrite en 2012]