Quand le rock ringard se vautre dans la boue grasse : y a pas de mal à s'faire du bien
Pour celui qui scrute l'actualité sans faiblir, épluche consciencieusement les nouvelles sorties de l'année, pour être "à la page", se faire un avis à tout prix, ne rien laisser passer... Pour ce fada ci, la jonction du tout début du mois de janvier peut s'avérer l'occasion de souffler un peu. D'aller, par exemple, réviser ses classiques. Revenir aux bonnes vieilles valeurs du terroir rock. Alors est-ce que ça vous dirait, en cette fameuse période charnière, d'aller faire les deux à la fois ? Suivre l'actu ET s'en aller retourner aux ziques d'autant ? Si oui, alors venez donc chez Hayseed Dixie, on est bien. Ils ont même un banjo.
C'est quoi donc que ce Hayseed Dixie, me demanderez-vous, ça se mange ? En tout cas on peut pas vraiment dire que ça se déguste. Un cover-band bluegrass, rien que ça, et je ne veux pas dire par là qu'ils reprennent des chansons bluegrass, mais bien des standards du rock façon bluegrass. Banjo à gogo, violon festif, grattes acoustiques et tout le tintouin. Quand au choix des reprises, les mecs ne sont pas du genre à faire dans la finesse. Survivor, Europe, Bryan Adams, Bon Jovi, Scorpions, et je m'arrêterai là sinon vous n'oserez pas lire jusqu'au bout. Vous avez tort de vous méfier ; ça peut faire peur comme ça, mais ce serait oublier la nouvelle couleur dont Hayseed Dixie recouvre ces vieilles dindes déplumées des eighties. C'est même l'occasion de réaliser que, dépouillés de leurs oripeaux studios et de leurs gimmicks affreusement datés, certains de ces morceaux tiennent solidement le coup. Grâce au savoir faire du groupe - qui n'en est pas du tout à son coup d'essai, viendez assister à la renaissance des chansons ringardes qui ont marqués vos meilleures boums. Sautillez sur "Dude Looks Like A Lady" et "The Final Countdown", chantez en choeur le refrain de "We're Not Gonna Take It", allumez vos briquets pour "Comfortably Numb", sortez votre air-guitar pour "Don't Fear the Reaper" et vos gants de boxe pour "Eye of the Tiger".
Y a pas de mal à se faire du bien, alors ne vous gênez pas, personne ne vous regarde. Certes, sur tout un album ça finit par être un peu longuet, mais rien n'empêche d'y revenir de temps en temps pour choisir une chanson au pif, puisqu'elle sont toutes brillamment exécutées. Alors si vous le voulez bien, il est temps de ressortir votre plus belle perruque mulet et le nylon qui moisit au fond de votre boite à souvenirs, et de pousser un "yee-ha!" retentissant en entamant une gigue. En fin de compte voilà, même si l'adjectif fait débat, Hair Down To The Grass est le disque "sympa" par excellence. Je doute qu'il ait d'autres ambitions que celle de nous faire marrer un bon coup, et tant mieux ; chez moi c'est chose faite.