On aurait pu croire que 2013 représente l'année du renouveau pour le trip-hop / downtempo, l'année du retour aux sources, en témoignent les derniers albums de Tricky (False Idols) et de Goldfrapp (Tales of Us), qui semblent se rapprocher des débuts de carrière de ces deux artistes. Est-ce également le cas pour Morcheeba, le groupe qui nous avait sorti le chef d'oeuvre "Big Calm" en 1998 ?
Malheureusement, pour le coup, on ne peut pas vraiment dire que c'est réussi. Si la quasi totalité de la critique sur internet semble s'accorder pour dire qu'ici, Morcheeba fait du Morcheeba, il n'en est en fait rien. L'album souffre plutôt de la comparaison avec les débuts de carrière chaleureux du groupe. Un genre de pop daubesque avec un rythme r'n'b' super prise de tête, des relents disco par moments, et même quelques touches de dubstep. Ce que je fuis absolument à la radio dans la musique actuelle, Morcheeba nous en chie trois couches sur ce nouvel album. L'écoute sera douloureuse, en somme.
Après plusieurs écoutes attentives, certains points sonnent cependant de façon relativement agréable. Des parties de guitare, par exemple, qui peuvent s'avérer superbes dans certains titres. Quelques titres pourraient sauver la mise (notamment "Finally found you", "To the grave", "Face of danger" ou la fin de l'affreux morceau dub "Make Believer") sans cette rythmique r'n'b' à la limite du supportable. Des morceaux qui pourraient presque rappeler les débuts du groupe (sans la rythmique affreuse, bien évidemment, je ne le dirais jamais assez).
Notons tout de même l'excellent titre "Under the Ice", pourtant très pop, véritable mystère au milieu de cet océan de misère musicale. Un morceau pas vraiment trip-hop, au rythme cristallin, calme, reposant, et néanmoins très accessible. Un titre qui évoque le voyage, bercé, emporté comme dans un cocon à travers le roulis des vagues. On reconnaît tout de même ici le charme qui m'avait fait aimer le groupe des débuts.
Mais sur douze titres, un seul qui empêche le bateau de couler et quelques titres presques sauvables s'ils étaient quelque peu différents, la note n'a pas grand risque de toucher le plafond. Si j'avais seulement entendu un titre de cet album à la radio, sans la mention Morcheeba, je n'aurais pas hésité longtemps à changer de station.
Morcheeba ne me correspond donc plus aujourd'hui. Je n'ai pas tenté l'écoute des albums de ce siècle, ce dernier opus étant même apparemment meilleur. Pourtant, l'élément qui m'a convaincu pour jeter une oreille sur "Head Up High" n'est autre que le retour de Skye Edwards, la chanteuse charismatique des premiers albums, jusqu'en 2003. Morcheeba à la sauce 2013, je passe mon tour, y compris sur scène.
NB : Ayant eu l'occasion tout de même de voir le groupe en concert quelques mois après la rédaction de cette chronique, je suis revenu sur le dernier point. Un excellent concert, et peu de morceaux du dernier album, à mon grand étonnement. La production étant très réfléchie dans ce dernier opus décevant, les quelques titres joués ce soir là ont prit un tout autre sens une fois dépouillés de la rythmique r'n'b affreuse qu'on ne supportait déjà pas en studio - ils en deviennent même bon une fois interprétés sur scène !
[Critique écrite en novembre 2013]