Envoutant.
Si vous n'avez pas vu le film, allez-y de suite! L'album colle parfaitement à cette ambiance pesante, sombre, mélancolique et poétique. La musique dont on ressent les différentes influences nous...
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le 2 mai 2014
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En 2014 sortait le nouveau film de Jim Jarmusch, "Only Lovers Left Alive", sans doute l'histoire de vampire la plus belle et la moins stéréotypée qui soit. Elle, Eve de son prénom, une Tilda Swinton toute blanche et sexy, dévoreuse de bouquins, habite à Tanger. Et lui, Adam, joué par Tom Hiddleston tout de noir vêtu, est un musicien underground qui vit seul à Detroit, entouré de guitares, disques vinyles et matériel de studio.
En plus de ces deux personnages, John Hurt y est époustouflant en vieillard immortel et écrivain modeste (qui aurait tout donné à Shakespeare). Sa sagesse et la qualité de sa filmographie donnent un côté rassurant, et presque paternel pour la sexy Tilda Swinton.
Ces vampires intellectuels n'ont rien à voir avec des bêtes cruelles et dangereuses, ni même avec cette ridicule nouvelle vague niaise de vampires qui brillent au soleil. Ceux-ci causent culture, écrivent, composent, et profitent des nuits étoilées pour se promener le long des rues de Detroit.
Question musique, le film frappe fort ! Parmi les guests, White Hills aparaissent le temps d'une scène dans un bar underground, jouant sur scène leur délicieux Under Skin Or By Name, de quoi se régaler quelques instants à admirer le charme d'Ego Sensation ou l'une des magnifiques chemises colorées de Dave W.
Le film nous offre également la possibilité de découvrir la trés charmante Yasmine Hamdam, dont le titre Hal se laisse entendre durant une scène d'une beauté incroyable, dont je ne dirais rien de plus afin de ne pas gâcher le plaisir.
La bande originale a été composée par Jozef Van Wissem et SQÜRL, le groupe de Jim Jarmusch lui-même. Et il faut bien le dire, cette BO est juste parfaite. Construite en deux parties, comme le film, elle suit le déroulement de l'histoire et colle on ne peut mieux aux ambiances du film.
A la fois sombre et coloré, les différents plans montrent un bordel inommable de détails, et ce dès même la première scène (d'une magie irréprochable !), entre la maison pleine de bouquins et de coussins orientaux de la belle Eve, et les disques, guitares, branchements et photos d'Adam cachés entre des rideaux sombres et des amoncellements de tapis. Scène agréablement sonorisée de Funnel of Love, un morceau de Wanda Jackson délicatement réorchestré pour l'occasion par le groupe de Jarmusch. Délicieux !
La totalité du film se déroulant de nuit, chose courante chez les assoiffés de sang, la musique est alors relativement obscure et lancinante. Elle commence par le court Streets of Detroit, que l'on entend à maintes reprises dans le film lors des longues promenades nocturnes en voiture dans les rues vides de Detroit, durant lesquelles nos sympathiques vampires romantiques parlent d'art ou de la décadence de l'espèce humaine, avec un tel détachement qui laisse froid.
Chaque titre rappelle avec précision un instant bien ciblé du film, pas forcément des moments clés mais des scènes qui marquent, dont on se rappelle facilement à l'écoute de la musique (la première rencontre avec Ian, rockeur mélomane, l'arrivée de la soeur, ...). Fait amusant, lesdits morceaux ne servent pas de trame sonore auxdites scènes.
Mentionnons tout de même l'excellent titre The Taste of Blood, que l'on pourrait qualifier de "single de l'album". Longs riffs de guitares lourds et torturés (quasi drônesques), rythme lent et clair, le morceau incarne toute l'intensité de cette musique dévastatrice. Un titre qui rappelle naturellement la triste condition de nos personnages, ainsi que l'ivresse euphorique procurée par quelques goûtes de ce breuvage vital.
Une seconde partie de la BO démarre symétriquement par Streets of Tangier (qui correspond également à un changement dans le dénouement de l'histoire), toujours aussi sombre mais avec l'ajout de sonorités orientales. La musique est peut-être cependant quelque peu plus enjouée, plus "colorée", à l'instar des rues de Tanger, de nuit. Plus exotique quoi qu'il en soit, comme pour lui permettre de se morfondre dans le décor, ruelles sombres et désertes qui en même temps respirent les chaudes soirées d'été marocaines.
[Critique écrite en février 2014]
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Créée
le 9 avr. 2015
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2 commentaires
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La BO de ce film est juste une tuerie. Elle retranscrit parfaitement l'état d'esprit d'Adam, le personnage principal, qui est entre autre musicien. Chaque titre est d'une qualité exceptionnelle.
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le 31 janv. 2015
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Ca fait très longtemp que je n'avai connu pur bonheur musical !
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le 5 janv. 2015
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