Mais pourquoi diable personne ne connait James Alexander Bright ? En dépit de son nom qui "claque" bien, il faudrait presque croire qu'il le fait exprès. Allez donc faire une recherche sur Google, vous m'en direz des nouvelles. Pas un article de presse sur son premier EP ou sur son premier album, pas une entrée nulle part, rien, nada...
Pour tout vous dire, l'album était inconnu sur Sensecritique et j'ai moi même dû entrer les données sur Music Brainz pour écrire cette critique.
Un article britannique m'apprend qu'il est anglais et officiait précédemment au sein d'un groupe portant le très improbable nom de Hairy Hands.
Mais au fait, comment donc ai-je pu découvrir sa musique ? Au gré des suggestions des "radios" Spotify en lien avec ce que j'écoutais précédemment, je suis tombé il y a quelques mois sur son titre Strange Folk. Et, comment dire, j'ai trouvé cela tellement bien fait que l'ai tout de suite stocké dans une de mes playlists en construction. Inutile de dire que depuis j'ai écouté des dizaines de fois ce morceau qui tient vraiment la route. Ok, un titre, ce n'est pas un album, et justement début avril est sorti Headroom, le premier opus de l'artiste. Évidemment, et à ma connaissance, aucun media en France n'en a parlé (la faute au covid19 ?) Et pourtant, c'est un monument de coolitude cet album. Les Inrocks, Rolling Stone et autres Rock and Folk feraient mieux de se réveiller devant ce goûteux cocktail de soul et de pop psychédélique servi dans verre d'arrangements des plus somptueux et parsemé de ci de là de guitares dans le style du grand Keziah Jones. Ce type est (presque !) aussi fort que Tom Misch, son compatriote nettement plus en vue , tout en jouant dans un registre un peu moins funky et beaucoup plus difficile à étiqueter. La classe donc ! Dès le premier morceau, le très beau Go, Bright marie avec un soin remarquable instruments électriques, acoustiques et électroniques en un formidable kaléidoscope de couleurs et d'ambiance sonores. La suite est aussi réussie que contrastée et imprévisible. Les ambiances 80s et 70s se télescopent sans retenue, les guitares acoustiques,le sax, la flûte,les boucles électroniques et les sons d'outre espace se mélangent avec bonheur. Si vous êtes amateurs de mélodies, je vous avertis tout de même qu'elles ne sont pas toutes faciles à appréhender aux premières écoutes et qu'il en faudra donc plusieurs pour en apprécier toutes les subtilités. Les contrastes rythmiques entre les morceaux sont très marqués comme quand on passe, via un court intermède du jazz atmosphérique de 6am au très groovy et psychédélique Friends qui conclut l'album.
En me relisant, je m'aperçois que j'oublie de mentionner que Strange Folk, le titre phare de son premier EP avec sa guitare qui sonne comme un clavecin n'était pas un accident. Bright est de toute évidence également capable de sortir des singles imparables qui parviennent malgré tout à capturer l'essence même de sa musique. Les impeccables Lead Me Astray et Gold en sont la parfaite illustration.
Voici donc un nouveau venu sur la scène pop Inde qui ne met pas de barrières à sa créativité. A découvrir d'urgence car il a toutes les chances de faire parler de lui en des temps meilleurs s'il continue dans cette voie.