Le cas Utada Hikaru est l'un des plus intéressants de la musique pop japonaise contemporaine. Non content d'offrir des mélodies sucrées très ancrées dans leur époque, à savoir le début des années 2000, le personnage rapidement mature et incroyablement apprécié de cette binationale (fait rare, on est au Japon) dans le vent s'est rapidement imposé par une alchimie réussie entre impératifs commerciaux et univers personnel, débitant pas autant de skeuds que les "reines" déjà imposées (un tous les deux ans) mais en vendant pourtant plusieurs millions à chaque fois.
L'avantage d'avoir un univers très personnel et un papa producteur apporte néanmoins du bon comme du mauvais : à l'image de la plupart des disques de l'artiste, la moitié des titres est à tomber tandis que l'autre est à foutre dehors. Artiste à singles? Ici presque la moitié en est. La jolie demoiselle opte pour une production à grands renforts d'électronique sentant bon ce fameux début des années 2000 qui, en 2008, est déjà has been et le plaisir est parfois coupable, comme le dansant et très chouette Beautiful World.
C'est bien simple, ce qu'il faut retenir de Heart Station, ce sont ses quatre premiers morceaux fabuleux : voix, arrangements, production, rythme, c'est à la fois engagé, sensible et dansant. La suite va malheureusement de mal en pis même si l'on reste sur une production familière, c'est à dire généralement au-dessus des reines concurrentes.
Mais surtout Heart Station c'est "The Flavor of Life - Ballad Version" qui, on ne va pas tortiller du cul plus longtemps que ça, est LA ballade définitive de la pop nippone des années 2000, tellement puissante qu'elle passa sur toutes les télés et battu tous les records imaginables en dématérialisé, emmenant gentiment Utada Hikaru vers les cimes de la pop commerciale assumée et un tant soit peu personnelle.