Parfois on peut penser que le monde du metal tourne en rond et n’offre que rarement des groupes novateurs et intéressants. Les Suédois de The Provenance font mentir cette affirmation et ce depuis trois albums. La claque avait déjà été de rigueur avec le violent « 25th hour : bleeding » et le très suédois « Still at arms length » et ce troisième album au titre énigmatique, « How would you like to be spat at », ne va pas atténuer notre enthousiasme.
Comme tous les grands albums, cette nouvelle livraison de The Provenance est difficile à appréhender. A l’image des disques précédents, les morceaux sont complexes, bourrés de breaks, de dissonances et ne laisse en rien de place à la facilité.
Néanmoins, ce nouvel album se différencie grandement de ses prédécesseurs et ceci à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, même si il reste barré « How would you… » se veut nettement moins extrême, ne serait-ce que par l’abandon des grunts. C’est en effet le chant cristallin et fragile de Emma qui domine, accompagné par la voix claire et torturée de Tobias. Toutefois, les compositions restent puissantes, rentre-dedans et destructrices. De plus, que ce soit dans la musique, le visuel ou dans les textes, on retrouve une certaine noirceur, qui fait de cet album une œuvre sombre et sans concession sur le genre humain.
En ce qui concerne les influences dont les chroniqueurs raffolent, ce ne sera pas chose aisée à trouver pour cet album et c’est tant mieux. On a le droit à du 100% The Provenance. Exit les réminiscences de Opeth ou The Gathering présentes sur « Still at arms length ». Les Suédois ont réussit à construire leur propre style, leur marque de fabrique. On retiendra néanmoins l’orientation post-rock (Godspeed You ! Black Emperor en tête) du titre « Some gossip on stealing spouse » et ses ambiances et riffs planants.
Musicalement non plus il n’y a rien à redire, que du tout bon. Les parties de chant sont travaillées et d’une efficacité redoutable. Les guitares d’une noirceur hallucinante viennent se greffer aux atmosphères du synthé. Enfin la section rythmique n’est pas en reste, avec notamment des parties de batterie terribles, comme le puissant final de « Going down ».
Mieux que de concrétiser nos attentes, The Provenance nous livre un album parfait en tous points : puissant, beau, désespérément sombre, innovant et intemporel, comme seul le metal peut nous en offrir.
Si vous avez marre des sempiternelles livraisons de metal gothique à base d’orchestrations, de voix lyriques et d’un manque crucial d’originalité, The Provenance représente l’alternative adéquate.