Contrairement à ce que voudraient vous faire croire les moyennes de SensCritique, le premier Pleymo est plutôt bon, c'est même de loin leur meilleur album.
Keçkisspasse? c'est une porte d'entrée, une invitation à l'ouverture d'esprit. Les morceaux sont pleins d'une énergie qui met en échec toute tentative de structure, le jeu de basse est superbement mis en valeur et échange son rôle avec les guitares, confinées à la partie rythmique, le phrasé-rappé faisant la part belle à l'argot et au verlan est à la limite du compréhensible, tout cela respire la joie de vivre et l'humour bas du front d'un groupe d'adolescents - ce qui n'est pas un défaut, on est d'accord.
Keçkisspasse? fait partie de ces albums qui montrent qu'on n'est pas obligé de respecter le schéma couplet-refrain-couplet-refrain-pont-refrain, qu'on n'est pas obligé de raconter un flot de banalités en faisant semblant d'être intelligent et rétrospectivement qu'on n'est pas obligé de composer Rock ou Alphabet prison. On peut aussi se contenter de hurler et de faire péter les watts en racontant n'importe quoi avec un minimum de talent et d'originalité (les samples par exemple).
Le plus étonnant, c'est que les textes de Keçkisspasse?, ce n'est pas seulement "nawak". C'est aussi le portrait d'une époque : obsession pour le sexe (la couverture qui mériterait un agrandissement pour être exposée dans votre salon, Siliclone liquid, Porn), culture japonaise (K-ra, Cosmic gros pluck), société de consommation (Bigquick).
Sûrement pas un chef-d'œuvre mais une entrée en matière intéressante dans la musique alternative.