Je n'aime pas la chanson française !
Je n'aime pas, mais alors vraiment, vraiment pas la "chanson française", même dans son expression la plus "noble" (Ferré, Barbara, etc.) - je ne parle même pas de la variété française, quiconque a mon âge et a été élevé alors que Michel Sardou triomphait sait ce que le mot "horreur" veut dire. J'ai beau respecter l'avis de nombreux amis mélomanes qui me disent que "Barbara Carlotti, c'est bien", écouter son "L'Amour, l'Argent, le Vent" s'apparente pour moi à une séance de torture chinoise : j'ai des frissons d'angoisse, des tics d'irritation, des crampes d'estomac. Il y a des chansons là dedans qui me paraissent tout bonnement haïssables (les atroces "Autoroute" et "Dimanche d'automne", par exemple), il y a de longs moments qui me laissent stupéfaits d'ennui devant les prétentieux effets de voix, le chantage éhonté à "l'émotion digne", et les textes lourdingues dans la lignée de l'éternelle "tradition française". Je pensais que depuis que Katerine avait balancé une bombe dans les chiottes de la chanson française, on ne pouvait plus faire des disques comme celui-là, mais je me suis trompé. Et en plus, le même Katerine apporte ici sa caution, ce qui fait que je ne comprends plus rien à rien. Ah oui, il y a aussi un morceau formidable : ça s'appelle "Quatorze Ans", et l'orgue sonne comme chez les Attractions, et la fièvre monte comme une poussée d'acné juvénile, et d'un coup je saisis ce que mes amis voulaient dire : Barbara Carlotti a un foutu talent ! Que quelqu'un qui l'aime lui dise d'arrêter la chanson et de se mettre au rock, c'est tout ce que je demande ! [Critique écrite en 2012]