"La descendance d'Aragon frappe et la lame est aiguisée"

Le rap belge recèle des trésors indiscutablement plus étonnants que ceux de l'hexagone, et ceux qu'on appelait Mess Bass ont pondu l'antidote dont j'avais besoin en ce moment. J'ai tendance à tiquer sur la monotonie d'un parolier méticuleux, ou sur le vide culturel d'un kickeur énergique. Le flow génial et les textes intelligents sont des coups de tonnerre qui frappent très rarement au même endroit.

Ce qu'ils font est osé, mais ça ne semble jamais faux. Même quand la phase ne séduit pas, elle ne semble pas superflue, tout se garde. J'en veux pour preuve mes mauvaises notes : j'ai moins aimé Vade Retro et Mon Voisin mais c'est surtout parce que le thème ne me plaisait pas à la base. Ils peuvent te parler de Lucky Luke, d'apaches ou de loups-garous, ils seront percutants de par la richesse des références et crédibilisés par toutes les influences qui fourmillent dans leur textes. Ils se complètent bien, et le quintet sacré est complet quand s'incruste Elvis Roméo... ne comptez pas sur ce dernier pour encrasser le blason immaculé du hip-hop outre-Quiévrain. Non seulement ils se complètent mais ils font des couplets collectifs et des dialogues, l'écriture du groupe apparaît donc comme le travail schizophrène d'un seul et unique MC.

Celui qui se démarque le plus, c'est Féléflingue, en quelque sortes l'arme ultime pour convaincre le grincheux old-school déjà rebuté par les chemises Jacquard sur la pochette. Il y va comme un porc, c'est du flow brut qui casse les portes, saccadé et aboyant. Swing est pour moi l'élément le plus moyen du groupe, même si au final j'ai pas grand chose à lui reprocher. Quant à Loxley, une fois acclimaté à la diction broussailleuse, les couplets sont des leçons d'ego-trip. J'en termine avec mon préféré, Premier d'Classe (rang éponyme, donc), celui dont la subtilité et la technique m'effraient presque.

A tantôt.