Tu as dans certains jours, comme ça, ton cerveau qui te joue des tours lorsqu’un neurone te lâche une caisse et laisse répandre dans ta tête un effluve de nostalgie d’une période donnée et précise de ta vie. Pour des personnes ayant vécu une bonne partie de leur enfance dans les années 1970 par exemple, d’une chanson comme "La Chenille", gros carton de l'année 1977 ou 1978, rares sont celles qui ont probablement pu en échapper.
Une chanson écrite volontairement pour la fête dans une France giscardienne et même au-delà, d’une époque que beaucoup empruntent (trop) dans la nostalgie d’un bonheur qu’ils ne revivront plus ; il n’y a qu’à lire les commentaires d’internautes sur YouTube qui rêvent d’un retour à leurs jours heureux perdus.
"Hou houuu, pessimiste, rabat-joie !"
Tu critiques mais t'as dansé là-dessus, dans un centre aéré d’été en vue d’un spectacle de la fête du village. Et puis tu as grandi, tu as étendu les limites au fil des années, tu as découvert plein d’autres choses. Tu avais oublié jusqu’à ce qu’on te remets ”La Chenille” un soir de mariage, te créant directement une vive répulsion que tu camouflais poliment devant tout le monde.
Le pire, c’était quand même la face b, "Chantez Français, Dansez Français”, passée lors du repas, deuxième pot pourri de chansons populaires et traditionnelles du collectif de Basile après "Les Chansons Françaises".
Au début des années 1990, réentendre ça faisait mal ! C’était comme si une décennie passée essayait de t’avaler telle une créature surgissant des abysses pour te redémouler à son image, pantalon à pattes d’éléphant et coupe au bol à la Danièle Gilbert que t’imposaient tes parents heureux entre deux crises du pétrole, parce qu'ils te trouvaient beau à leur façon.
Alors aujourd'hui, l'effluve nostalgique de ton pet neuronal t'as fait cliquer sur les liens recherchés, tu trouves la troupe habillée comme les personnages de La Comedia Dell' Arte, tu découvres que Julie Pietri faisait partie du collectif, que deux autres chanteuses jouent la chamaillerie avec des voix de crécelles dans leur histoire de "... nanaaaaa!" dans le premier couplet. Une envie de vomir te brûle l'œsophage mais tu ravales pour ne pas passer pour un rabat-joie, tu mets la vidéo en pause pour ne pas te faire griller par un collègue.
Mais ça y est ! Ça y est ! T'as envie de revivre toi aussi la période de bonheur à travers "La Chenille" et "Chantez Français, Dansez Français". Tu vas crrrrr aaargh mais ... crrraargh huheuuu... Non, lâche mon cou crrrr aaaaargh CRRAAAC !