Il y a des disques qui ne sont pas fait pour le public, mais seulement pour l’artiste et vous : "le Chat Bleu" est de ceux-là, il s’agit strictement d’une affaire privée. Celle que Willy entretient avec une musique imaginaire, lieu de rencontre improbable entre Piaf, la valse musette française et le bayou de Louisiane. Sans doute aussi celle que j’ai toujours eu avec les dancings enfumés, les valses timides et les femmes fatales défraîchies. Bref, après le succès de son punk rock classieux et soucieux de l’héritage des musiques populaires américaines, Willy se paye ce luxe d’un disque « perso », qui parle mieux que tout autre de la beauté d’un tatouage sur l’épaule blême d’une fille fatiguée, et de l’absolue permanence de l’Amour, même le plus éphémère. [Critique écrite en 1991]