Consensuellement même pas correct

Beaucoup de gens avaient descendu l'album du chanteur qui précède celui-ci, le bien nommé "infréquentable", à tort je trouve. Si je concède sans peine qu'il était un album moins travaillé que les précédents, les quelques trouvailles étaient suffisantes pour en faire un album convaincant. Même le tube "L'effet papillon" qui soutient l'album se laisse écouter avec plaisir et est soutenu par une partie instrumentale variée. Il était alors jusqu'ici, en ce qui me concerne, plus un trébuchage dans la carrière de l'auteur-compositeur-interprète que réel raté. Mais avec cet album qu'est "Les Bénéfices du doute", je me demande plutôt s'il ne s'agissait pas plutôt du début d'une dégringolade artistique.

C'est vraiment difficile de faire plus cliché tant au niveaux des thématiques abordées (Quoi que, c'est aussi ce qui faisait une force de Bénabar, j'y reviens plus tard...) qu'au niveau de l'écriture. Et alors, niveau instrumental c'est le néant... 3-4 accords de guitare très convenus, un rythme à la batterie tout ce qu'il y a de plus classique et hop, emballé c'est pesé ! Au revoir les cuivres et les accordéons, à la rigueur on cale 3 notes de piano pour se donner un air mélancholique et voilà, ça suffira bien.

Ce qui faisait la force de Bénabar jusqu'à lors, c'était d'utiliser des thèmes connus du commun des mortels et d'y ajouter une histoire rigolote autour de son persona avec une narration proche d'une comptine pour adulte, saupoudré de pérpéties cocasse qui font sourire ou qui nous font réagir le tout entouré d'une mélodie aux nuances de jazz et de blues plutôt variée, dont certains titres tournent même autour d'un concept original. Mais alors dans cet album-ci, c'est le néant... J'ai vraiment l'impression qu'ici Bénabar épouse l'image de son propre cliché, et plutôt deux fois qu'une. On a l'impression d'avoir affaire à un chanteur de chanson française tout ce qu'il il y a de plus lamba et consensuel. Jamais un nouveau talent n'aurait pu sortir un tel album, du coup Bénabar peut bien remercier sa maison de disque de lui avoir laissé accouché de cet immondice.

Parce que oui, quand on ponds un "Politiquement correct", qui est du coup le titre qui ouvre cet album, il ne faut vraiment pas avoir froid aux yeux. J'imagine que ça a fait rire certains "boomers" de l'époque, vieux fans de l'artiste, d'avoir une parodie du pauvre de Renaud qui est pourtant très premier degré. A ce propos, l'un des seul titres que j'ai un tant soit peu apprécié, "L'agneau", également un morceau politiquement engagé, m'a semblé plus nuancé dans son propos et avait des paroles plus dignes de ce que Bénabar avait déjà écrit auparavant. Et au moins, il n'a pas l'outrecuidance (oui, rien que ça ! ) d'essayer de nous faire avaler sa pillule bien pensante du type bien droit dans ses bottes qui doit dire "oui, amen" à tout.

Bref, il s'agit d'un album que je déconseille vivement, qui que vous soyez. En tout cas, ce n'est définitivement pas le meilleur album à écouter si vous souhaitez découvrir l'oeuvre de l'artiste. C'est bien simple, même à ma mère qui pense pouvoir faire la paix dans le monde en se tenant simplemnt la main, je ne lui ferai pas écouter cet album qui ne serait rien d'autre qu'une insulte à son intelligence.