Les Flavescences
7.4
Les Flavescences

Album de L'Effondras (2017)


À l'écoute des Flavescences, on se croirait face à un split entre Swans et Godspeed You! Black Emperor.





D'un côté il y a cette lourdeur, cette intensité, cette violence particulière qui se dégage des projets de Swans. Les instruments semblent tous vouloir s'échapper du mix tellement ils sont puissants et définis. Ce que je n'aime plus dans le post-rock, c'est cette tendance à noyer les instruments sous une marasque inaudible. Malheureusement le genre ne se prive pas d'un manque total de nouveauté et ce depuis plusieurs années. C'est en partie pourquoi le dernier album de GY!BE a tant déçu, bien que je l'ai sacrément apprécié. Plusieurs moments auraient pu être bien plus marquants qu'ils ne le sont mais cette boue sonore les en empêchait.


Là où L'Effondras se démarque, c'est dans leur capacité à faire ressortir chaque son de telle sorte que l'ensemble soit cohérent et agréable à écouter. Dès les dix premières secondes des Rayons de cendre, le ton est donné. Les basses tremblent, l'ambiance se pose, des bruits distants se font entendre, mais les instruments sont bien là. Quand tout part en vrille dans le style si unique du post-rock, les sens sont mis à l'épreuve par la précision des sons. L'écoute est tout de suite intéressante, on ne perd pas de temps.


C'est sur ce point aussi que le groupe s'éloigne des ténors du genre. La tracklist se clôt bien évidemment sur un mastodonte de 35 minutes, mais à part pour ce morceau le reste de l'album se contente d'aller droit au but. La folie instrumentale est là dès la première minute et ne lâche pas l'auditeur jusqu'à la dernière. Les rayons de cendre propose de partir et de revenir dans une mélodie violente à coup de crescendos faussement annonciateurs d'un grand final au moins deux fois. Le passage au second morceau Lux Furiosa est harmonieux et laisse place à une batterie survoltée ainsi qu'à quelques changements de tempo bienvenus.


Phalènes envoûte grâce à des accords doux et simples, accompagnés de sons difficilement identifiables dans leur origine - ces superbes aller et retours semblent tantôt être des instruments à vent, tantôt des synthés diablement réalistes. Le tout s'en va rapidement afin de créer l'ouverture du monstre final, Le Serpentaire.


Gargantuesque morceau faussement fort de ses 35 minutes (dont presque dix minutes d'ambient), ce dernier rentre plus dans le moule habituel du post-rock. Il délivre néanmoins une expérience intéressante et très très intense. À la manière du final mémorable de Blaise Bailey Finnegan III, la fin du morceau laisse place à un silence de plus de dix minutes avant de terminer sur une petite mélodie à la guitare au coin du feu de camp. Un point final touchant à ce tourbillon musical de plus de 50 minutes.


Si le titre de ma critique est provocateur (et, disons-le, du clickbait), c'est parce qu'on attend du renouveau dans le genre du post-rock depuis tellement longtemps que ce genre de projet redonne espoir. Les français de L'Effondras lâchent une bombe qui, je l'espère, trouvera un public élargi tôt ou tard.

Grifta
8
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le 2 avr. 2017

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