La lumière au bout du tunnel
Bien que le groupe partage son nom avec un morceau du groupe de heavy metal Iron Maiden, Quest For Fire n'a rien d'un groupe aux rythmiques rapides et aux guitares hurlantes. Composé de Chad Ross (chant/guitare), Andrew Moszynski (guitare), Josh Bauman (basse) et Mike Maxymuik (batterie), le quartet venu tout droit de Toronto nous propose plutôt ici un stoner tantôt mélancolique, tantôt énergique, axé sur une base psychédélique. La pochette donne déjà une indication sur le contenu, par la présence de couleurs vives et de dessins hypnotisants sortis tout droit des années 1970 qui semblent former un visage.
En écoutant l'album, on ne peut s'empêcher d'imaginer le groupe se réveiller en écoutant un disque de leurs compatriotes Black Mountain, déjeuner sur du Sungrazer et se coucher sur du Pink Floyd.
En digne représentant d'un genre en plein essor, les QFF, actifs depuis 2009, se font en effet rapidement remarquer par le label indépendant américain de stoner/doom/psyché Tee Pee Records (célèbre notamment pour avoir signé les Brian Jonestown Massacre) qui les engage un an après la sortie de leur premier album. Celui-ci ayant été plutôt bien accueilli par la sphère indépendante, le groupe se fend ici d'un second opus, plus mature, ou en tout cas plus calme, sans pour autant renier ses racines.
Par leur premier album, les Quest For Fire avaient déjà apporté un réel plus au genre du stoner psychédélique. Pour cette suite, le groupe a choisi de pousser un peu plus ce concept en approfondissant leur touche psyché; ici, point -ou peu- de guitares planant au dessus de la masse. Côté instrumental, le groupe s'appuie essentiellement sur de grosses rythmiques, des accords bien plaqués face contre terre ("In the place of a storm"), des riffs accrocheurs ("Set Out Alone", également le single de l'album), voire sur des balades acoustiques ("Psychic Seasons"). Le psychédélisme provient en effet plus de la voix du chanteur, Chad Ross, qui n'est pas sans rappeler un certain David Gilmour, à grand renfort de réverbération.
L'enchaînement des pistes n'est certainement pas dû au hasard, au plus on avance dans l'album, au plus on s'enfonce dans les voyages psychédéliques du groupe. Dès la première piste, ("The Greatest Hits By God"), on a plutôt l'impression d'écouter un genre de post-rock stoner, avec sa rythmique carrée, son chant lancinant, et ses rajouts de cordes aigües. La suite pourrait s'apparenter à la rencontre de Black Sabbath avec une sorte de Pink Floyd qui aurait fait une cure de soleil en plein Palm Desert, à savoir des riffs musclés et efficaces, soutenus par un chant aérien ("Set Out Alone", "Strange Vacation", "In The Place Of A Storm"). Puis c'est le psychédélisme qui prend le dessus sur le stoner, en acoustique tout d'abord ("Psychic Seasons"), dans un style assez sudiste, qui pourrait éventuellement rappeler du Lynyrd Skynyrd, puis de nouveau sur les instruments électriques.
Les deux dernières pistes ("Hinterland Who's Who" et "Sessions Of Light") illustrent à merveille le renouveau d'un genre, avec leurs montées progressives en intensité vers les solos, le jeu de batterie qui sait s'effacer pour mieux redonner de l'élan au morceau, et les lignes de basse dans un plus pur style progressif.
Sans être une révolution, Lights From Paradise a tout de même le mérite d'apporter quelque chose d'autre à un style qui a pris de plus en plus d'importance ces dernières années, essentiellement sur les labels indépendants.
Pas vraiment formaté pour un passage sur les ondes, l'album reste assez généreux sur sa durée, 45 minutes pour 8 pistes, avec un pic à presque 10 minutes pour le dernier morceau. Bien qu'il évolue légèrement au cours de l'album, le style garde sa base stoner psychédélique. La durée de chaque piste est d'ailleurs révélatrice de son genre: si le morceau est inférieur à 4 minutes, attendez vous à un bon stoner accrocheur, dans le cas inverse, préparez vous à une bonne dose de psychédélisme.