Six ans ! Six ans qu'on l'attendait, ce successeur d'Era Vulgaris ! Et les Queens Of The Stone Age avaient su nous mettre l'eau à la bouche depuis plusieurs mois déjà, annonçant tour à tour un nouveau logo, un artwork plaisant, et surtout, surtout !, une liste impressionnante de guests : Alex Turner, Nick Oliveri, Mark Lanegan, John Theodore, Trent Reznor ou encore Jack Shears et... Elton John. Et le retour aux fûts du Dave. Les Queens avaient bien réussi leur comm' farfelue, adressant un coup des lettres incompréhensibles à un magazine, un coup des interviews prônant leur futur retour au son du premier album, bref, tout ce qu'il fallait pour faire monter la pression.
Hé bien non. Une fois en studio, exit le retour aux sources, exit les espoirs de stoner ronflant. À part l'ouverture de l'album (Keep Your Eyes Peeled, peut être enregistrée avant les autres ?), peu voire point de stoner ici, et en tout cas certainement pas le son promis. Plutôt qu'un album des Queens, ...Like Clockwork ressemblerait plutôt à un pot-pourri de la Josh Homme's touch, tant on navigue d'un morceau à l'autre dans différents univers. On trouve çà et là du Eagles of Death Metal (If I Had a Tail, I sat by The Ocean), du Them Crooked Vultures (Smooth Sailing), et tout de même, du Queens (Keep Your Eyes Peeled, My God is The Sun). Belle compilation, me direz-vous, et en effet, sauf que du coup, on retombe sur quelque chose de complètement hétérogène. Et quand on écoute un album estampillé QOTSA, c'est bien d'avoir du QOTSA.
Les Californiens semblent donc tenter de briser les chaînes qui les emprisonnent dans leur genre de toujours. On retrouve notamment pas mal de claviers, chose en général pas tellement présente dans la discographie du groupe, ou en tout cas jamais autant mise en avant. Josh et ses compères en profitent donc pour enchaîner les "ballades" (attention, tout est relatif, c'est pas non plus un disque folk !), où le leader rentabilise sa voix de tête. Mais autant certaines sont réussies (I appear Missing, Like Clockwork), autant d'autres semblent tourner désespérément en rond (The Vampyre of Time and Memory, voire même Kalopsia).
Car c'est là le problème de ce disque : c'est mou. Laborieux même parfois, les mélodies ne sont pas toujours très heureuses, et sur certaines pistes, on s'ennuie carrément.
Cependant, tout n'est pas à jeter ! Quelques bons morceaux ravivent quelque peu notre attention, sans pour autant avoir un impact énorme. C'est le cas de Keep Your Eyes Peeled (et son lourd riff étouffé), My God Is the Sun (premier single), I appear Missing, ou encore de bonnes surprises comme Smooth Sailing (avec Jack Shears, ça partait pas gagnant) ou Fairweather Friends (feat. Sir Elton John !). Cinq morceaux qui, on l'a dit, diffèrent du Queens habituel, mais qui s'accomodent plutôt bien de cette mue, tantôt remuants, tantôt langoureux mais globalement jamais chiants. De plus, Like Clockwork clôt plutôt honnêtement l'album, là encore sans renverser la plus petite des collines, mais elle remplit correctement son rôle.
En revanche, il y a des ratés. Ou plutôt des déceptions. Ou les deux. Kalopsia, en collaboration avec Trent Reznor (pourtant !), est l'exemple parfait du morceau en dents de scies. Les pianos d'accord, mais là on enchaîne couplets suaves et refrains énervés sans que ça colle bien, c'est dommage. De même, sur The Vampyre of Time and Memory on attend désespérément qu'il se passe quelque chose, mais on doit se contenter d'une petite ballade qui risque fort d'être sautée par bon nombre d'auditeurs une fois l'album installé sur l'ipod. Enchaînée avec If I had a tail, c'est vraiment le temps faible de l'album, cette dernière évoluant dans un registre de soft-EODM qui peine à nous réveiller.
Autre déception, la transparence des tant annoncés guests. Certes, Elton John et Jack Shears ont leur part du gâteau, mais quid des Oliveri, Lanegan ou autres Trent Reznor censés unir leurs cordes vocales à celles du rouquin californien ? Cantonnés à des backs sur le morceau avec Elton John ? Quel gâchis !
Petite déception donc, compte tenu du casting et des annonces. Du bon, du très mauvais, au final les fans de pop-rock y trouveront leur compte, les fans de stoner sûrement pas, et les fans de Josh Homme (et/ou des QOTSA) feront le tri. En tout les cas, la prise de risque des californiens ne laissera probablement aucun auditeur indifférent. Les Queens prennent donc le pari du virage musical, livrant ainsi un album de pop correct, mais est-ce bien pour le meilleur ? Leur choix s'est donc porté sur la prise de risque, en espérant que tout ira...comme sur des roulettes.