The Number of the Beast !
6 ème album, 6 ans d'attente, 6 ... euh.. au mois de juin (le jour de mon anniversaire) soit le 6 ème mois ! Ah voilà, 6,6,6 donc (non ce n'est pas tiré par les cheveux du tout).
Nouveau line up sans Joey Castillo, mais avec des invités comme l'ex Nick Oliveri, Dave Grohl, Trent Reznor, Mme Brody Dale ou Elton John (!), esthétique travaillée et sombre grâce à l'intervention de Boneface en couverture et dans les clips en forme de convocation animée des 4 Cavaliers de l'Apocalypse, bref, Queens of the Stone Age est de retour. Voilà déjà une bonne nouvelle. Non pas que je n'aime pas Eagles of Death Metal ou Them Crooked Vultures, mais c'est toujours un plaisir de se retrouver en compagnie de ce groupe qui m'a fait quand même pas mal de bien à travers le temps.
Autant l'avouer, l'habitué des sonorités du groupe risque quelque part d'être un peu déçu, d'autant plus s'il s'attend au bon vieux stoner des débuts. Mis à par le premier morceau "Keep Your Eyes Peeled" puissant et inquiétant puis avec le formidable, éblouissant, "My God is the Sun" (classique en devenir je vous le dis), les ambiances de cet album s'éloignent un peu des terrains arpentés plus tôt : ce n'est pas grave ! Pas du tout même, car ici Queens of the Stone Age signe un nouveau chapitre, dans une nouvelle direction, plus intimiste (ce n'est pas de la folk non plus), plus sombre et même apocalyptique disons le. Josh Homme a eu à en découdre apparemment, et ça s'entend.
Le ton est donc plus sombre, mélancolique parfois avec "The Vampyre of Time and Memory" et ses sons synthétiques qu'on croirait empruntés au "Because" des Beatles, ou la ballade bizaroïde "Kalopsia". On y entend même du piano ! Le désert et les road trips ne sont jamais très loin, soyons rassurés, puisque "I Sat by the Ocean", le dansant "Smooth Sailing" ou le voluptueusement poussiéreux "I Appear Missing" vous donneront envie de dévorer l'asphalte. Le morceau désabusé mais déterminé "If I Had a Tail" est également dans cette veine, mais avec une rythmique imparable que j'affectionne particulièrement, accrocheuse et néanmoins toxique, comme un "Gimme Shelter" dans la vallée de la mort. "Fairweather Friends" oscille entre puissance et délicatesse, avec tout le savoir faire de Josh Homme et ses amis. La chanson titre "...Like clockwork" emporte la mise marquant d'une pierre noire le retour tant attendu de nos héros poussiéreux. I
Donc, pas de vrai stoner (mais qui croyait encore que Queens of the Stone Age allait y revenir vraiment ?), plus tellement cette ambiance fun et rock'n'roll de "Era Vulgaris" mais quelque chose d'autre, teinté d'une mélancolie récoltée à travers des difficultés inédites pour un artiste arrivé très vite au statut de héros du rock. Comme un excellent single malt, la liqueur s'est bonifiée avec le temps, absorbant l'influence extérieure pour gagner sa personnalité, aux arômes de sang, de cuir, de rouille et de poussière. On est désolés pour lui mais sa musique en ressort grandie, nourrie de cet nouvelle amertume, pour atteindre des sommets, le tout porté par une guitare et une voix de charmeur de serpents. "Songs for the Deaf" était un album grandiose sous sa couverture rouge, des années de maturation après, l'aiguille a fait le tour du cadran, "...Like Clockwork" sous sa couverture rouge emprunte le même chemin.