On ne sort pas ses passions du cul du pape.
Il y a toujours une œuvre fondatrice, un moment précis et déclencheur, une source d'inspiration irrésistible... Un truc de ce genre. Mon amour pour le jazz ne vient donc pas du saint fondement papal, ni d'une quelconque histoire familiale.
Quoique ! Il y a bien mon sage grand père qui aime ça aussi. Mais plutôt un jazz un poil suranné, type New Orleans Dixieland. C'est formidable mais ça ne me transperce pas; trop fanfare sans doute... Bref, la marmite magique du jazz, je ne suis pas tombé dedans quand j'étais petit.
Ce penchant ne vient pas non plus du bain culturel de ma génération qui se bouffe de la soupe musicale à n'en plus finir et se pâme devant les dernières idoles déjà ringardes avant d'être démodées. Un véritable désert...


Et v'là-t'y pas qu'il y a maintenant une décennie, je tombe là dessus : http://www.youtube.com/watch?v=Osc8B9HJNd4


Aucune idée du pourquoi du comment j'ai atterri là dessus; peut être attiré par ce titre brillant : Devil May Care. Que le Diable m'attende encore un peu, je le réécoute encore une fois avec vous. Ce qui est certain, c'est que ce fut une bombe atomique dans ma race (si on a encore le droit d'utiliser ce mot).
Piano feutré, fin, fluide. D'abord une certaine mélancolie puis une fougue contenue qui ne demande qu'à éclater. En à peine deux minutes, la certitude d'avoir trouvé exactement la musique qui parle à mon cerveau et mon cœur. Un simple solo dont la technique m'est totalement étrangère mais un tir de sniper d'une précision parfaite. Bam !
Sauf que ce n'était que l'introduction. Vient l'entrée en scène de trois monstres : John Clayton, Jeff Hamilton et Anthony Wilson; paye ton équipe de rêve. Et, toujours, Diana Krall; pas une grande voix mais un velours et un swing terribles. Le reste n'est que pur bonheur. Tout est là en un idéal de musique.


L'album tiré du live est formidable mais privé de quelques uns des meilleurs morceaux. Autant parler donc du dvd/bourray qui évite -en plus- de fermer les yeux sur les sourires des musiciens qui traduisent plaisir et osmose d'un ensemble au talent dévastateur mais ayant l'élégance d'être génialement humble.
Les deux heures de nirvana s'ouvrent sur un I Love Being Here With You infernal qui donne le ton, avant de poursuivre sur le plus gros manque du CD. All Or Nothing At All enfonce magistralement le clou, surtout grâce à la rupture de son final porté par Paulinho Da Costa aux percussions. Du caviar grand cru.
On en oublierait presque qu'il y a aussi juste derrière un orchestre symphonique tout en cordes délicates qui laissent éclater leur beauté sur de sublimes morceaux comme The Look Of Love ou Maybe You'll Be There. Les nuances exquises de la bossa nova mettent en valeur la sensualité de la belle blonde et une douceur langoureuse qui marquent quelques uns des plus beaux morceaux dont Under My Skin ou Do It Again qui manque terriblement à l'album. Le raffinement et l'émotion de ces titres écartent le swing endiablé pour mieux le laisser revenir sur un 'Deed I Do ou un East Of The Sun (And West Of The Moon) jubilatoires.


Tout n'est que réorchestrations merveilleuses, arrangements divins, solos qui déchirent et envolées éclatantes où le groove magique des musiciens me fait littéralement fondre comme sur le final de 'S Wonderful d'une grâce miraculeuse.
Je ne suis qu'amour pour ce concert qui a cimenté une passion maintenant vitale -sans déconner !- qui m'accompagne dans les meilleurs comme les pires moments.


Et pour cette fois, je ne serai pas la pire des raclures, je vous renvoie vers la huitième merveille du Monde : https://www.youtube.com/watch?v=6nqijHs1B6U

Mr-Potatoes
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le 3 oct. 2015

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