Grand fan de Roddy Frame devant l'éternel, depuis le brillant premier album de Aztec Camera, j'avais été, je me souviens, terriblement refroidi par "Love" à sa sortie, em 1987 : voici un album qui me paraissait une sévère trahison des idéaux "indie" - ah, ah - et surtout des principes "anti-commerciaux" que Frame avait adopté avec force commentaires dans la presse anglaise après son succès précoce. Malgré la présence du fantastique "Somewhere in my Heart", sans doute ce que Frame avait écrit de meilleur à date, l'album me paraissait peu écoutable à force de compromis "esthétiques" et musicaux : le vernis "soul plastic" et la dose de saccharine appliqués aux chansons, quasiment toutes des tempos moyens, étaient un peu trop durs à accepter pour les puristes que nous étions à l'époque. D'ailleurs, "Love", qui fut un triomphe commercial en Angleterre, marqua en France la fin de l'intérêt de la critique pour le groupe ! Réécouté en 2014, "Love" amuse et irrite avec sa production typique des années 80 (énorme batterie en avant et ambiance généralement "synthétique"), mais impressionne par la qualité de la plupart des compositions de Roddy Frame, qui s'avèrent tous comptes faits du même niveau que les deux albums précédents, avec ce mélange typique et pourtant paradoxal d'exaltation joyeuse et de distance mélancolique. "Love" est un album qui porte bien son nom, finalement, offrant une déclinaison touchante, attachante même, de tous les états amoureux, portée par ces textes élégants qui sont l'une des marques du song writing de Roddy Frame. Un album à réévaluer, donc. [Critique écrite en 2014]
