Milk & Honey
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Dès la pochette, Lozère cultive le mystère. Une queue de félin qui dépasse des fourrés (mon œil de lynx reconnait une panthère des neiges). Une seule touche de couleur au milieu de ce noir et blanc étalonné façon rayon X : le nom du groupe en majuscules rouges. CVANTEZ. Ce rouge est sans doute celui du rouge à lèvres de Cyrielle Martin, c'est elle qui incarne la sensualité de la musique qu'elle tisse avec Olivier Salaün et Xavier Maloumian. Désormais le groupe écrit et chante en français. À entendre la manière dont Cyrielle fait sonner la langue en la susurrant du bout de la sienne, la façon dont elle articule ces syllabes qui lui chatouillent le palais et qu'elle nous délivre dans un souffle directement au creux de l'oreille, on se demande pourquoi ils ne l'ont pas fait avant. Les textes sont fins, ciselés, évocateurs, tout en phrases courtes dont le sens est à découvrir par soi-même.
Et pour accompagner ces textes énigmatique, un écrin est apprêté en conséquence. Des compositions en trompe-l'œil, qui font mine de trouver leur équilibre avant de partir dans un pont qui deviendra une nouvelle base. Il faut dire que les guitares de Cyrielle et Olivier se chamaillent sans arrêt. Lui n'aime rien tant que les refrains qui claquent avec de gros accords barrés, elle préfère les arpèges sensuels. Heureusement de ce conflit primordial nait un compromis qui rend chaque piste de Lozère étonnante en dépit d'un son nineties très similaire d'un bout à l'autre ; chacun des morceaux de l'album contient sa dose de tiroirs, de ponts inattendus, de bouleversement mélodique qui le voit partir dans une direction différente. À ce propos il y a une influence majeure de Cvantez qu'on ne saurait passer sous silence plus longtemps : les Pixies évidemment. Du son de guitare aux structures des morceaux, il y a une folie sous-jacente, l'impression que la chanson est constamment sur le fil à attendre l'explosion. Là où le groupe ceci dit s'émancipe avec talent de leurs glorieux aînés, c'est lorsqu'ils décident de faire de l'explosion attendue une décharge retenue et maîtrisée, conservant leur calme et leur classe en toute circonstance. En cela ils m'évoquent le cas d'un certain groupe grenoblois de mon cœur récemment décédé : Rien. Il y a chez Cvantez la même classe sobre, le même sens mélodique à la fois délicat et aventureux, un goût en commun des guitares sombres et lascives...
Je m'attarderais bien un instant sur la tracklist, mais finalement je n'en ferai rien. Ce serait porter atteinte au mystère - on y revient toujours - qu'instaure Cvantez avec succès autour de leur dernier né à la présentation splendide. J'espère simplement que l'étincelle de la curiosité s'est allumée là où il le fallait et que la perspective d'aller vous-même percer les secrets de Lozère vous met dores et déjà l'eau à la bouche.
Chronique provenant de XSilence
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Créée
le 21 févr. 2017
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