Aujourd’hui plus que jamais, l’extravagance n’est pas gage de qualité. Concernant Sheck Wes, difficile de passer à côté du personnage bien que celui-ci n’affiche aucun tatouage visible sur le visage. Pour autant, son énergie communicative ainsi que son statut de nouveau protégé de Travis Scott et de Kanye West (de leurs labels du moins) en font un personnage à part. Avec Mudboy, le jeune homme nous livre un premier projet plutôt prometteur mais trop limité pour parler de coup d’éclat.
Âgé de seulement 20 ans, Sheck Wes a déjà connu plusieurs tournants dans sa vie qui lui permettent aujourd’hui de garder la tête sur les épaules, malgré un succès évoluant à vitesse grand V depuis environ 1 an maintenant. L’école ? Peu pour lui. Rapidement tenté par le gain de notoriété, plusieurs voies se sont offertes à lui pour atteindre cet objectif. Si la pratique du basketball aurait pu constituer une première porte d’entrée à ce but, c’est tout d’abord le mannequinat qui fut choisi par le jeune homme pour arriver à ses fins. Celui-ci entraînant notamment un changement de comportement net pour ce dernier, se déconnectant progressivement de la réalité et des valeurs défendues par sa famille. La sanction fut radicale, mais déterminante pour la suite : ses parents décidèrent de le renvoyer dans leur pays natal, au Sénégal, afin de lui remettre les idées en place. Un passage clé dans la vie de l’adolescent qui a depuis affirmé que cette période fut difficile dans un premier temps, mais révélatrice dans un second.
C’est à l’issue de ce repli éloigné des multiples tentations liées au rythme de vie américain que Sheck Wes a finalement décidé d’atteindre son rêve de notoriété via un tout autre art, la musique. Un choix payant puisque nous en discutons en ce moment même.
Apparus sur YouTube bien avant la sortie officielle de l’album, les morceaux Live Sheck Wes et Mo Bamba laissaient présager un album axé sur la production de banger aux instrumentales lourdes et aux refrains facilement identifiables, ne tardant jamais à nous rester en tête des heures durant. Il n’en est pourtant rien puisque le seul morceau s’y apparentant clairement n'intervient qu'en deuxième partie de projet, avec l’agacé F**k Everybody où l'on se passera de la traduction.
La piste introductive, Mindfucker, donne le ton d’une grande partie de l’album : sombre, plutôt brutal tout en gardant un côté punchy agréable à l’écoute. Gmail et Kyrie en sont les meilleurs exemples et s’imposent d’ailleurs comme deux excellents morceaux. WESPN et Never Lost nous montrent également l’adaptabilité du rappeur à poser sur des instrumentales plus douces avec succès.
Le projet perd finalement en qualité avec quelques pistes du fin du projet comme l’interlude, Danimals ou Vetements Socks qui n’ont pas réellement leur place dans l’univers dévoilé plus tôt par l’artiste. Ces morceaux auraient effectivement pu gagner en qualité en ayant été mieux bossés en amont et mis en avant sur un projet futur. Une fausse note qui ne gâche cependant pas les bonnes choses entrevues plus tôt.
Au final, je suis agréablement surpris l’ensemble du projet qui m’ambiance vraiment et qui mérite une écoute à forts décibels à n’en pas douter. S’il devra forcément se diversifier et prendre des risques par la suite, Sheck Wes est encore très jeune et doit prendre le temps de peaufiner ses projets futurs. Grâce à son gros potentiel marketing, au buzz créé autour de ses clips (Chippi Chippi par exemple), sa proximité au monde NBA – très connecté au monde rap – grâce à son amitié avec Mo Bamba, joueur nouvellement drafté par Orlando l’été dernier ayant d’excellentes perspectives d’avenir, ou encore son parcours unique en son genre, sa hype n’est pas prête de retomber et cela doit lui permettre d’exploiter au maximum ses capacités.