Paix et violence, sérénité et folie

« Hello, who's this?
It's the plumber
Don't call my house anymore, you motherfucker! »


Oui, c’est ainsi que commence Machine Gun Kelly de Wesley Willis, sorti en 1994. Ces trois phrases sont l’intro de The Geltones, un morceau au tempo rapide, pas le temps de niaiser on fonce doit au but. Le chant est étrange, avec une sorte de modulation bizarre qui rend un effet de deux voix superposées, une pitché en grave et l’autre normal ce qui donne cet effet robotique et quelque peu perturbant. C’est clairement de l’inattendu pour la toute première piste. Pourtant l’instru derrière est classique. Le refrain est sorti d’outre-tombe, c’est génial. On a déjà envie de lâcher un gros headbang c’est complètement malade. En faisant rapidement mes recherches, la seule trace de ce groupe sur internet est une page discorg d’un groupe de punk nommé Gel-Tones qui apparait sur un album compilation avec plusieurs autres groupes, sorti en 1994. Ça colle. Bon. C’est cool.
Le morceau suivant, Larry Leonard, garde cet effet de voix chelou, bien qu’atténué. Le tempo est assez normal si on peut dire ça, avec des paroles réalistes et violentes (le fameux Larry Leonard ayant pris 250 ans de prison dans l’histoire). Le second couplet fait écho au premier et mention spé au dernier « Larry Leonard » du deuxième refrain. D’ailleurs après ce deuxième refrain la mélodie part un peu en vrille et se fait plus étrange mais loin d’être désagréable, c’est ce passage-là qui fait toute l’âme du morceau, la basse plonge super bas dans les graves, putain j’en ai des frissons. Les effets de voix à partir du troisième couplet finissent d’achever l’auditeur.
On embraye sur Dwayne Jackson, encore du super storytelling réaliste d’un braqueur. Tempo rapide, ambiance de far-west. Franchement ça me fait penser à du Dezperadoz dans l’idée, c’est trop bien.
« Rock it to the break of dawn! » quand un morceau commence comme ça on sait que ça annonce du lourd. Ralph Crampton est, devinez quoi ? Un morceau sur un hors-la-loi. Encore un tueur cette fois-ci. C’est là qu’on commence à comprendre que Machine Gun Kelly n’est pas le titre de cet album par hasard. Ce dernier est centrée dans sa première partie sur les braqueurs, les meurtriers, les criminels en tous genres. Très intéressant quand on connait le rapport de WW avec la violence et l’injustice. On reste donc dans le même registre avec le morceau suivant, Mark Bunny, et la première constatation qu’on fait c’est que c’est rapide, ohlala putain c’est rapide, on veut pogoter sur ce bordel ! Les couplets sont si vite expédiés qu’on dirait que WW est en train de rapper. Les refrains sont jouissifs et font quant à eux très punk du fait du tempo. Les petits effets psyché à la Acid Mother Temple sur le tout ça tue, trop bonne idée. Le slogan Fitness Cycle Center à la fin est parfait parce qu’on a vraiment l’impression d’avoir fait du sport.
On se calme un peu avec Mark Philpot, qu’on peut prendre comme une ballade rock mélodieuse et absurde. C’est beau, c’est naturel, ça fait grand bien. J’ai quand même beau faire le con sincèrement ce morceau fait partis de ceux qu’il aurait peut-être du plus promouvoir quitte à la retravailler, ça aurait pu devenir un classique international et intergénérationnel. Quoique, en fait non peut-être pas.
Petite review de concert avec Boss Hog, ça sonne pop c’est cool, ça relax on est bien. WW est chaud au chant. Quel master. Hog Lady est dans le même registre sans rien apporter de plus, on la passe vite fait sans y faire trop attention. Ça repart de plus belle avec Do the watoosy, morceau complètement ouf, super rapide avec des bruits de flingues dans tous les sens, les paroles des couplets sont terriblement géniales. Horsey est toujours le genre de titre qui fait plaisir à entendre, ça passe nickel dans une voiture l’été à fond sur l’autoroute direction les vacances. Effet garanti. En plus le refrain n’est pas difficile à apprendre : « Horsey ! Horsey ! Horsey ! Horsey ! ». Mention spé aux effets spéciaux de science-fiction à la fin.
Hop là on repart dans les criminels avec Dexter Safford, c’est juste beau dans cette énergie mélancolique qui libère tout son potentiel dans les refrains criants d’émotions. Rien à ajouter.

Envelope bon je sais pas. Pour moi ça marche pas terrible, c’est du WW tout ce qu’il y a de plus basique, les paroles sont pas dingues, mais refrain pas convainquant et reverb qui pue la merde.
Oh putain de sa mère ! Envelope enchaine sur Battlestar Galactica et ce morceau bordel c’est juste l’exact opposé en fait. Tout est super, c’est super cool. Un véritable titre politique. Les paroles putain les paroles sont de haut niveau, mention spé au premier couplet : « Shoot the missiles in the air. Destroy the city of Baghdad. Kill all of their population. Destroy civilization, motherfucker ! ». Bon évidement il faut prendre en compte que c’est du pure pure mf american shit écrit par un schizophrène. Donc à ne pas écouter au 1er degré.
Kiffant, la mélodie de Screw Party, la succession d’accords est impec et ça groove comme jaja. Les refrains avec les effets de voix sont magiques. Pas le temps de respirer on enchaine direct sur Morbid Angel. Tempo ultra rapide, normal c’est un putain de morceau de metal. Eh oui. Eh non en fait je rigole c’est juste rapide c’est pas si ouf. Le slogan à la fin est donc mal choisi.
Bongo congo est top génial, intro qui flingue, refrains entêtants et magnifiques. En plus c’est pas lent donc on s’endort pas c’est bien d’y avoir pensé.
OMG !! Une nouvelle instru ! Bordel c’est une révolution ça je vous jure ! Même si elle ne diffère pas tant que ça au final, They threw me out of church est forcément mémorable pour ce son nouveau et ses paroles géniales. Texas Tornados suit la marche, encore de la nouveauté avec l’instru "classique" mais sans sa petite intro habituelle avec la guitare et le fills de batterie. Un chant monotone et le son global du morceau pas d’une grande qualité ne le rende hélas pas à la hauteur de ce qu’on a pu entendre jusque-là sur cet album. La fin est quand même sympa.
GI Joe est bizarre putain ! Ça rend complétement fou ce genre de track ! Bon déjà on dirait un mélange entre The Cure et The Exploited donc comment ne pas être heureux quel que soit le résultat ? Parce que franchement c’est ça : ce titre ne va nulle part et c’est très bien comme ça en fait. Hop on enchaine sur Shonen Knife, super premier couplet, refrain chanté avec les tripes. Le titre fait assez sérieux en fait, ça fait partie de ces moments dans les albums de Willis où la chanson a ce genre de ton sans trop qu’on sache pourquoi.
John Barrile est putain de smooth, tout en douceur. C’est de l’innocence burlesque. Je sais pas si vous voyez ce que je veux vraiment dire, c’est très pointu, mais si vous voyez c’est ça. Mention spé au nombre de « buddy » prononcés dans ce titre.
Le morceau suivant est barré. I Speak Jive est chanté d’une façon ferme et déterminée, les effets sur la voix donnent mal au crâne néanmoins impossible de ne pas être pris dans ce tourbillon de rock. La batterie sonne super bien et les bruitages de vagues sont fous.
KMFDM a des points communs avec le morceau précédent, notamment dans le tempo et l’énergie que les deux titres dégagent. Le refrain est un des meilleurs de l’album : « KMFDM ! KMFDM ! KMFDM ! KMFDM ! » ça glisse tout seul dans les oreilles. Le montage sonore est également intéressant et assez expérimental, on dirait un mélange entre un The Icarus Line perdu dans les années 60 et un Shellac qui ferait du breakbeat-folk.
Kawasaki est légère et toute marrante, avec des effets débiles sur la voix, la petite ambiance de foule est sympathique. La basse est un peu en retrait mais ce n’est en rien génant. La fin du dernier couplet vient sublimer le titre. Un gros coup de feu à la fin, ça fait plaisir, c’est la street.
Le dernier morceau arrive alors. My daddy got me high. Un classique de WW. Les paroles et la voix y sont clairement pour quelque chose, avec ce refrain puissant s’il en est : « My daddy got me high, My daddy got me high, My daddy got me high, My daddy got me high on crack ! ». Cependant le propos est grave, c’est d’une beauté toute humble que Willis livre ces passages difficiles de sa vie.
L’album se termine donc sur ce sentiment étrange, une prosternation qui prolonge un peu plus cette écoute unique d’un artiste inimitable. Sans compter qu’à cette époque il était loin d’avoir dévoiler tout son talent. Rock over London, rock on Chicago.

Punkapizza
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le 28 nov. 2021

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