On aurait pu évoquer le son de guitare cristallin et divin de Maurice Deebank, ces mélodies tissées avec une délicatesse infinie... Mais pas ici, puisqu'à ce stade, le guitariste génial a déjà quitté le groupe depuis bien longtemps. Me And A Monkey On the Moon est en fait le chant du cygne de Felt, puisqu'il s'agit du dernier album publié avant le split, en 1989, respectant ainsi les volontés délirantes de son leader maximo, Lawrence, qui voulait publier 10 albums en 10 ans avant de saborder le groupe.
Toujours mené donc par l'impérial Lawrence et son phrasé très caractéristique, la bande avait commencé à évoluer, depuis le chef d'oeuvre Forever Breathes The Lonely World, vers un format beaucoup plus pop. Laissant de côté les longs instrumentaux basés sur les prouesses guitaristiques de Deebank, Felt s'ouvrait de plus en plus aux claviers (piano, orgue, synthétiseur) grâce au génie de Martin Duffy, 20 ans à peine à l'époque.
Du côté de l'humeur, alors que le groupe continue de s'enfoncer dans un anonymat désespérant compte tenu de son potentiel immense, les mélodies semblent ici plus enjouées que jamais. Lawrence a la tête dans les étoiles et rêve d'amour infini en célébrant la vie, le soleil et la liberté. Le tout pour un résultat d'une beauté précieuse, spleenesque, lumineuse et presque réconfortante.
Alors bien sûr, on aurait pu parler ici de Poem of the River, dans le même veine et sublime également (bien que cruellement trop court), du classique Forever Breathes The Lonely World, de l'immaculé et toujours fascinant The Splendour of Fear, ou encore du renversant et entraînant Ignite The Seven Cannons... En fait, quasiment tous les albums de Felt sont des chefs-d'oeuvre. Il ne tient qu'à vous de foncer tête baissée dans leur discographie et ne jamais en ressortir.