Souvenons-nous de l'arrivée du groupe avec Tears Laid in Earth et son doom prog gothique, qui n'était certes pas fameux, mais avait au moins eu le mérite d'être là avant que le gothic metal à chanteuse pullule, pour des résultats parfois grandioses, parfois grotesques.
Souvenons-nous de l'éviction de Kari Rueslåtten et d'une musique strictement doom metal (majoritairement du moins) au profit d'Ann-Mari Edvardsen et d'une orientation plus atmosphérique (voire carrément ambient par moments), plus aventureuse et dure d'accès aussi, avec Painting on Glass.
Souvenons-nous de In This Room, sa pochette de merde, et son retrait de toute orientation metal et avec l'aspect aventureux voire expérimental mis en avant. Tous les espoirs étaient permis avec ce groupe qui avait l'air de se foutre des étiquettes tout en se forgeant une patte unique paradoxalement.
Souvenons-nous en bien, car il n'est question de rien de tout ça ici.
De quoi est-il question dans ce cas ?
Hé bien, pour la majorité, d'un trip hop de bas étage (l'orientation n'est pas le problème, surtout qu'on en a des prémices sur ITR, simplement l'exécution), ou plutôt à bon potentiel, mais gâché par une décision tout à fait saugrenue et survenue avant la réalisation de ce Memoirs : l'éviction d'Ann-Mari.
En remplacement, chanteur random n°7497797, sa collègue, chanteuse osef n°8974364, et, probablement un peu plus chers, des ersatz de Björk et Maxi Jazz.
Et parfois, c'est l'accompagnement musical et certains choix artistiques qui ne vont pas, comme des bruitages irritants, des imitations irritantes de Portishead, des samples bidouillés et scratchés comme Massive Attack ne le faisait déjà plus en 1998, ou des tracks qui n'en finissent pas.
Même la pochette, intéressante et presque évocatrice à première vue, dévoile ses défauts quand on y regarde de plus près (pourquoi « The Third » et pas « The 3rd » comme ça a toujours été le cas ? Qui a mangé la moitié du S de « MEMOIRS » ? Qu'a fait cette pauvre femme pour être incrustée de la sorte ? À quoi est censé servir ce filtre bleu sur ses yeux (du fard à paupière peut-être ? Avec les yeux fermés, ça aurait mieux fonctionné vous savez) ? La petite image à droite, c'est sensé être quoi à part du linge étendu et des volets grands ouverts ? Pourquoi il y a un semblant d'immeuble qui les surplombe ?).
Ce ratage, ces choix discutables, ce potentiel jeté à la poubelle, cet avenir gâché pour le groupe, on s'en souviendra.