Le plan de carrière de Marie-Mai est simple et efficace : écouter tout ce qui marche en matière de "pop-rock" aux États-Unis, calquer ce modèle, le réduire à une moindre échelle et bingo! le tour est joué. Cette recette a fait ses preuves en 2007 avec le foudroyant Dangereuse Attraction et même si la suite (Version 3.0 - 2009) était nettement moins bien, rien ne laissait présager que la formule s’essoufflerait déjà au prochain disque.
Ce 4e opus porte bien son nom, il faut lui donner ce crédit. Le disque copie (pour ne pas dire "plagie") tel quel toutes les tendances qui fonctionnent aux USA. Power ballads, dubstep et pop d'aréna à la Lady Gaga ou Taylor Swift, tout y passe. Miroir est tout simplement le reflet québécois des charts américains. Même si la valeur artistique ne monte pas bien haut, sur papier l'idée tient la route et garantie le succès commercial.
Comment en vouloir à Marie-Mai ? Sans doute qu'elle voyait en Miroir un disque abouti, efficace et bourré de tubes comme parviennent à faire les plus grandes stars internationales. Mais elle est bêtement tombée dans le piège. Elle a beau s'y coller, la chanteuse ne maîtrise ni la power ballad, ni le dubstep, ni l'"arena pop" qu'elle essaie si fort de recopier - et ce n'est certainement pas son producteur (et conjoint) de toujours qui va l'aider, au contraire.
Le résultat donne un album mal conçu qui déborde de défauts. Marie-Mai n'a pas l'air à l'aise ("Indestructible Toi"), l'écriture penche souvent vers le médiocre ("Young & Wired") et la production est au mieux banale, au pire carrément raté ("Survivants, Solitaires"). D'amblée, aucune des ballades - soit plus d'un tiers du CD - ne présente quelconque intérêt. Quant au reste, les bonnes idées ne manquent pas mais elles dérapent inévitablement vers un faux pas ou une maladresse, beaucoup plus nombreux. "Si les Mots" démontre parfaitement le problème. La chanson commence doucement, monte en puissance de façon classique mais efficace et même la touche dubstep agrémente le titre au lieu de la gâcher. Jusque là, on tient un titre solide, l'un des meilleurs du disque. Sauf que soudain des chœurs embarquent lors d'un refrain et restent jusqu'à la fin, masquant tout le reste. Ce genre de bêtise se répète constamment sur l'album. Elles sabotent ce qui auraient pu être de bonnes chansons qui auraient pu faire un bon disque.
La pièce d'ouverture "C.O.B.R.A." vaut toutefois le détour. Elle sauve Miroir du désastre à elle seule, étant l'une des meilleure chanson de Marie-Mai jusqu'à date.
Recommandation parallèle : Taylor Swift - Red (les même ingrédients, cette fois cuisinés sans bavures. Là où Marie-Mai échoue, Swift donne aux années 2010 une référence de maîtrise pour l'ensemble des styles 'pop'ulaires.)