American Beauty
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le 10 oct. 2014
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Oh Yeah !
Lorsqu'Eric Clapton enregistre Money and Cigarettes, les années 1980 n'ont pas encore été néfaste musicalement pour lui (Behind the Sun & August ne vont pas tarder à arriver) et celui-ci s'entoure de Ry Cooder, Donald Duck Dunn, Jim Keltner et Albert Lee pour enregistrer cet album.
Comment ça peut être un échec dans ces conditions ?
Rarement dans sa carrière solo, il n'aura eu d'aussi bons musiciens autour de lui, et on ressent ces changements, que ce soit à la guitare ou via l'ex bassiste de Lou Reed période Rock 'n' Roll Animal ou des Blues Brothers. Se séparant tout juste de ceux (excepté Lee) qui l'ont longtemps accompagné, notamment sur le récent et formidable live Just One Night, c'est à Memphis qu'il va trouver ces musiciens et partir enregistrer son huitième album solo.
All I saw myself having left
Money and Cigarettes est aussi un album particulier pour le slowhand, il sort tout juste d'une cure de désintoxication pour alcoolisme (mais sa vraie cure sera après les tristes évènements amenant Tears in Heaven une dizaine d'années plus tard) et le nommera ainsi pour all I saw myself having left (en gros, ce qui lui reste maintenant). On notera aussi la belle pochette, d'apparence classieuse et sobre, avec une jolie référence à Salvador Dalí et au mouvement surréaliste.
Ici, il compose tout l'album excepté trois reprises et, comme dans un pacte avec le diable façon Robert Johnson, il est poussé par la Warner à un peu plus s'adapter aux sonorités du moment. Ca ne se traduira pas (encore) par du synthé à outrance mais par un blues pur quasiment absent ici, l'album est clairement rock, et souvent un rock assez léger, ce qui ne l'empêche pas d'être inspiré et de se montrer créatif, sans avoir perdu son toucher.
C'est un album mature, peut être trop d'ailleurs, et décontracté, on ne ressent par l'urgence de certains albums précédents, et on le sent plutôt cool et en paix avec lui-même. Ce qui ne l'empêche pas d'exorciser ses démons, tant ses paroles évoquent beaucoup ses problèmes d'addictions, à la drogue et l'alcool, et ce sur des mélodies, parfois, légères, donnant un côté plus complexe à l'album, ce qui fonctionne bien.
Come on, girl, what's the matter with you ?
Il ouvre le bal avec le superbe et typique Everybody Oughta Make a Change initialement de Sleepy John Estes, qui sonne limite funky derrière son rythme blues - rock. Un morceau réussi où l'on retrouve le son et le style typique de Clapton en solo. Il monte en grade avec l'efficace et endiablé The Shape You're In, d'apparence légère mais où il évoque les démons intérieurs que l'on peut avoir. Son duel de guitare avec Albert Lee est réjouissant, d'ailleurs tout le long du morceau la guitare est superbe, les chœurs sur le refrain fonctionne et la voix de Clapton est superbe, elle est arrivée à maturité. Deux premiers morceaux qui lancent superbement l'album et montrent un Clapton de retour en grande forme.
Ain't Going Down est plus étrange, rappelant très (trop) clairement la version Hendrix de All Along the Watchtower en plus accélérée, mais aussi un peu le son de Derek and The Dominoes. Là aussi la guitare fait des merveilles, mais c'est le cas sur tout l'album, et l'alchimie entre le groupe fonctionne. La fin de la première face est plus anodine, avec certes le single I've Got A Rock N'roll Heart, un immense succès sur le sol américain et pourtant l'une des moins bonnes chansons de l'album, avec un côté pop-rock facile et sans grande inspiration, même si elle n'est pas non plus désagréable. Le terme facile marche aussi pour Man Overboard, caractérisant le côté pépère de l'album, agréable, avec des musiciens qui s'amusent, mais guère mémorable.
Ooh wee oh oh,
Ooh la la let's rock and roll
C'est la mignonne Pretty Girl qui ouvre la seconde face, elle rappelle un peu Wonderful Tonight et c'est un (énième !) hommage à Pattie Boyd, l'ex de G. Harrison pour qui il avait écrit Layla, apporte une réelle douceur et sensibilité à l'album, sans non plus être mièvre. Ils enchaînent avec le rock léger Man In Love, une chanson efficace et cool, à défaut d'être transcendante, tandis que Crosscut Saw, reprise du vieux hit d'Albert King, est la chanson la plus groovy de l'album, Clapton se montrant toujours à son aise dans ce style, avec un superbe solo. L'efficace rock Slow Down Linda, derrière sa légèreté musicale, évoque une blessure intérieure qui n'a pas encore cicatrisée tandis que la conclusion Crazy Country Hop, reprise de Johnny Otis, est plutôt atypique dans le répertoire du slowhand, plutôt drôle, elle est assez sympathique avec un petit côté western mêlé à un bon vieux rock.
Malgré ça, ce ne sera pas un franc succès, ce sera le premier album solo de Clapton à ne pas être disque d'or, il ne va même pas atteindre le top 50 dans son Angleterre natale.
Sortant tout juste d'une cure de désintoxication, Eric Clapton enregistre Money and Cigarettes dans un esprit décontracté et surtout assez rock, délaissant le blues tout en s'entourant de grands musiciens, à l'image de Donald Duck Dunn, Albert Lee ou Ry Cooder. Si ce n'est pas un album mémorable ou un incontournable du Slowhand, ça n'en reste pas moins un bon album, où un groupe talentueux mené par un Clapton n'ayant rien perdu de son touché s'éclate et joue du rock efficace et inspiré.
Face A :
Everybody Oughta Make A Change
The Shape You're In
Ain't Going Down
I've Got A Rock 'N' Roll Heart
Man Overboard
Face B :
Pretty Girl
Man In Love
Crosscut Saw
Slow Down Linda
Crazy Country Hop
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Créée
le 10 janv. 2021
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