Monographic
6.7
Monographic

Album de The Oscillation (2016)

En écoutant un nouvel album de The Oscillation tout en étant familier avec leur discographie, il est commun d'éprouver un sentiment de déjà-vu, comme une illusion auditive, la sensation fugace de connaître déjà ce disque. C'est que les anglais font reposer leur formule sur des éléments qui varient finalement assez peu. Imaginez si le Pink Floyd des débuts avait croisé la route de Neu! et avait décidé de faire un supergroupe en s'en allant répéter dans l'espace avec la radio qui grésille en arrière-plan. Et bien paf ! Pour éclaircir les choses : un space rock très kraut qui n'hésite pas à se taper des parenthèses noise pour enrichir l'expérience, voilà le son des oscillations dans un miroir de poche. Sauf que contrairement à nombre de ses contemporains, le groupe ne contente pas de se moucher systématiquement dans ledit mouchoir, toujours au même endroit jusqu'à l’écœurement. À la place il tisse constamment autour, rajoute du tissu, explore un peu plus en profondeur les territoires textiles à sa portée.


C'est que pour un groupe donnant dans la musique dite "répétitive", The Oscillation sait amener de la diversité sur la table, et Monographic ne fait pas exception. Côté bruit, l'album offre quelques unes des pistes les plus bruyantes de leur discographie ; "Truth In Reverse" par exemple offre un tableau apocalyptique, comme une version ralentie, amplifiée et saturée du "Negativland" de Neu!, où les solos minimalistes résonnent à l'infini. Juste derrière, la bien-nommée "Another Attack" pour un peu serait presque punk tandis que les deux pistes d'ouverture nous offrent un psychédélisme presque tribal avec ses toms percutés sans relâche. Difficile d'ailleurs de ne pas penser à Loop...


Mais il n'est pas dit que The Oscillation n'était bon qu'à jouer sur un terreau sombre et rageur ; au contraire ils savent aller explorer l'extrême opposé du spectre émotionnel et proposer deux véritables petites douceurs à chérir tendrement, pour nous cajoler les tympans après tant d'assauts répétés (répétitifs, pardon). À ce titre, dans un monde où Suicide serait encore vivant (humour) et actif en studio, "Let It Be the End se présenterait comme un digne successeur de "Cheree" avec sa petite mélodie de boîte à musique et sa boîte à rythme timide. Mais surtout, le véritable diamant de ce Monographic sans la moindre hésitation, c'est ce "Lonely People" et son refrain grandiose qui explose comme les plus grandes échappées de la belle époque de Spacemen 3 ou (encore) Loop. Comme quoi The Oscillation peuvent aussi briller par leur songwriting...


L'album se conclue par une longue piste expérimentale alliant drones, feedbacks et percussions abstraites rappelant (de très loin je vous l'accorde) certaines percées venant tout droit du "Aumgn" d'un certain groupe allemand nippo-piaillant. Ce qui me fait penser à vous conseiller de vous pencher à l'occasion sur le groupe Tomaga, duo multi-tâches issu des Oscillation capable de faire en live tout le boulot d'un groupe et plus encore pour une expérience à la fois "contemporaine" et accrocheuse. D'expérience ça vaut le coup.


Alors voilà, les anglais sont-ils sortis de leur zone de confort ? Pas vraiment. Ont-ils une fois de plus réussi à faire monter la sauce et suffisamment exploré la profondeur de leur son pour nous faire voyager ? Oui, sans aucun doute. Et tant que je prend mon pied je ne leur en demande pas plus.

Créée

le 26 mars 2016

Critique lue 274 fois

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T. Wazoo

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