Décidément, cet automne est riche en surprises musicales ! Après le délire underground et anti star system de "Miley Cyrus and her dead petz", la palme du meilleur virage artistique revient à Inna Modja et son troisième album "Motel Bamako". Fini les mélodies pop sucrées et les textes un brin mielleux de "Love Revolution", son dernier album, ici les textes sont engagés, la production plus minimaliste, voire expérimentale, ce qui risque de dérouter les fans de "La fille du Lido". Cet album est aussi un vrai retour aux sources pour la chanteuse malienne qui met en valeur les richesses musicales et la culture de son pays et chante en bambara (sa langue maternelle) sur la majorité des titres, dont l'excellent "Tombouctou" véritable hymne à la résistance dans le nord du Mali et à la liberté des femmes, dans lequel Inna Modja se met au rap et pose son flow sur une production électro sombre accompagnée par des gimmicks vocaux, et l'hypnotique "Sambé", sa version plus énergique, où les instruments traditionnels se mélangent avec les sons électroniques pour un résultat très convaincant.
L'album est un véritable voyage musical, entre titres conscients et chansons enjouées, le tout sur fond de musique malienne aux accents soul, blues, gospel, électro ou pop,"Outlaw", la première chanson avec sa superbe intro à la kora en est un bon exemple. Les thèmes abordés sont très actuels : l'hypocrisie des politiciens sur "Speeches" (avec Oxmo Puccino), les drames de l'immigration sur "Boat People", le manque d'eau ou la guerre. Il y a également des titres plus légers et plus pop, ainsi que des chansons aux sonorités plus traditionnelles comme la magnifique "Diaraby" et la très positive "Going home", pour conclure l'album avec cette impression d'avoir voyagé en plein cœur de Bamako et de sa scène musicale.