Mumps, Etc.
6.8
Mumps, Etc.

Album de WHY? (2012)

Ce qui est horrible avec Why?, c’est qu’avant même que l’album soit sorti, on s’attend à être déçu. Seul inconnu, le degré de déception. La cause de cet étrange sentiment s’appelle Elephant Eyelash, deuxième album du quatuor (à l’époque) qui est un des plus beaux disques de pop de la décennie précédente. Passé plutôt inaperçu à l’époque, il rivalise pourtant avec des œuvres aussi ambitieuses que le Illinois de Sufjan Stevens sorti la même année. Il y a dans ces deux disques la volonté de proposer une pop lumineuse à la fois complexe dans ses arrangements tout en étant évidente dans ses mélodies. Bref, ce sont sûrement deux des plus beaux albums pop des années 2000.

Sauf que, quand on sort l’album pop parfait et que la planète entière s’en fout ou presque, on n’a pas forcément envie de se recasser le bonbon pour offrir un deuxième chef d’œuvre. Du coup, on sort un disque avec une ambition revue à la baisse (supposition foireuse je vous l’accorde). Alopecia, son successeur, laissait de côté les arrangements lumineux au profit d’une musique plus sombre et plus froide. Malgré un single efficace, le reste des compositions paraissait bien terne et la magie qui émanait jusqu’ici semblait avoir disparue. Comme la vie est mal faite, ce disque connaitra un succès critique et public bien plus important. Bizarrement, la suite tentera de renouer avec Elephant Eyelash sans trop de succès puisque Eskimo Snow ne sera finalement qu’un disque sympa qui ne fonctionnait que grâce à quelques miracles auditifs cachés entre deux titres beaucoup moins convaincants.

Mumps, etc. est donc leur cinquième album et le troisième à décevoir. On est ici plus proche de leur plus mauvais disque que du meilleur de leur discographie post-Elephant Eyelash (comprendre que Mumps, etc. se situe entre Alopecia et Eskimo Snow mais plus du côté d’Alopecia que d’Eskimo Snow quand même… Tu me suis ?). Le plus frappant à l’écoute de ce nouvel album, c’est un retour bien plus prononcé aux premiers amours du leader Yoni Wolf, le rap. Ici, il alterne entre le chant et son flow nonchalant mais ce dernier prend plus de place que par le passé alors qu’il avait quasiment disparu sur leur précèdent disque. Ni une bonne ou une mauvaise chose, il avait su montrer par le passé que cela ne tuait en aucun cas les émotions provoquées par sa musique. Il faut avouer cependant que l’on n’est pas toujours convaincu par ce choix puisque ce sont souvent les parties chantées qui nous procurent les quelques rares frissons. Il y a une volonté de trop trancher entre ces deux facettes du groupe qui rendent parfois les chansons bancales. Waterlines, pourtant une des compositions les plus réussies, ne trouve pas par exemple cet équilibre entre la noirceur de ses couplets et l’élan à fleur de peau qui émane des refrains.

Ce n’est donc pas dans leur versant rap mais bien grâce à leurs influences pop que la réussite se montre la plus éclatante. C’est dans l’instrumentation, assez ambitieuse des chansons, que l’on retrouve tout le charme de ce groupe. Comme à son habitude, Yoni et son crew font sonner une multitude d’instruments aidés par une production impeccable. Il y a chez eux, un raffinement et une poésie toute particulière qui leur confère une identité propre qu’on retrouve en particulier sur les quatre premiers titres où la leçon est parfaitement apprise. Après ça se gâte. Il y a d’abord ce gros caca de White English et ses cuivres dégueu mi-reggae mi-roots (tout ce qu’on abhorre sur Ears Of Panda) puis la mauvaise blague Sod In The Seed qui vous fait croire qu’on est retourné à la grande époque d’Elephant Eyelash pendant 10 secondes avant de virer dans un rap sans intérêt. La suite oscille entre l’anecdotique (Distance, Thirst) et le bon (Kevin’s Cancer, Bitter Thought). Comme les déceptions n’étaient pas assez nombreuses Why? se sent obligé de rajouter deux titres, mais alors pour le coup totalement inutile, qui fait grave virer ce disque en eau de boudin. On suppose que ses chansons ont été écrites par son petit cousin ou un truc du genre et s’est senti obligé de les foutre en fin de disque comme deux vulgaires bonus…

Bordel! De la part d’un groupe qui a sorti un des meilleurs disques des années 2000 on avait rarement vu une baisse de qualité aussi flagrante en quelques années! Nouvelle déception, Why? ne sort pas vraiment le grand jeu après trois ans d’absence et se contente du minimum syndical. Si l’on attend plus grand-chose de leur part il serait peut être temps qu’ils se bougent le popotin pour écrire des chansons un tant soit peu intéressante et de trouver une nouvelle direction musicale pour arrêter les comparaisons avec un disque insurpassable.
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le 10 oct. 2012

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