Nevermen composé de Tunde Adimpe (le chanteur de TV On The Radio, groupe de pop expérimental américain), Doseone (rappeur et compositeur de Clouddead, Themselves, Anticon) et le chanteur/compositeur Mike Patton.
L’album dégage tour à tour rage, sagesse, explosions de violence et envolées lyriques à la sauce Pop, Hip-Hop et chœur planant. Tout comme Tétéma, ce projet casse toutes les frontières, les étiquettes et les codes des genres à l’image de Angel Dust ou Mister Bungle dans les années 90 : 25 ans plus tard, le combat reste le même.
Nevermen fourmille d’idées au point de paraître too much sur les premières écoutes mais au fur et à mesure, chaque détail va ressortir pour laisser place à un tout cohérent, puissant et poétique.
Le projet s’ouvre sur un Dark Ear partagé entre couplets « trip-hopien » et couplets Pop emboîtant le pas à des couplets Metal. En l’espace d’un titre, 4 ou 5 genres se mélangent. Treat Em Right alterne choeurs, couplets Hip-Hop et refrain Pop. Wrong Animal Right Trap démarre façon Mad Max pour tout de suite accouché d’un couplet OVNI au rythme saccadé et rapide, où apparaît un couplet de Rap Hardcore… Le Single Tough Towns vient calmer le tempo avec son intro façon « Massive Attack » pour repartir de plus belle pendant le refrain. Hate On nous emmène dans des contrées lointaines perdues entre nappes d’Orgue, sonorités tibétaines et chœurs d’incantations chamaniques, pour finalement nous ramener comme chaque morceau dans un mélange de Pop-Electro-Rap. La joyeuse Mr Mistake apparaît comme une frontière entre la première et la deuxième partie de l’album (plus sombre), cette piste est celle qui mélange le moins de genre, c’est la piste la plus pop de l’album et la plus accessible. Vient alors un point culminant, le coup de génie ShellShot qui démarre sur fond de percutions Hip-Hop, des nappes de synthés galactiques traversées de chœurs lointains… Puis la météorite s’écrase et c’est le début de l’invasion sonore : refrain métallisé sur fond de synthés, break planant quand le morceau atteint son apogée à 2min23 où les trois chanteurs se renvoient la balle pendant plus d’une minute enragée, comme des jeunes en prison… pour laisser Tunde finir le morceau sur une touche plus posée. At Your Device alterne passage Pop planant et Rap Hardcore ; à l’inverse de Non Babylon qui reste sur le même registre Pop jusqu’au final très Gospel. Après tout ce déluge de genre, de sons, d’idées, de cris, de chants, de Rap et de Rock, … Nevermen sort son drapeau blanc avec Fame 2 The Wreckoning à l’ambiance très Lounge, planante pendant les 4 premières minutes pour finalement s’ouvrir aux rythmes Pop qui sonnent comme un adieu, une rédemption, un nouveau départ.
Nevermen est une machine à tubes, à refrains entraînants typiques de la marque Patton. A chaque titre, on peut presque dire « ça c’est une idée de Patton ! Ce son, c’est Tunde, obligé ». L’osmose entre les trois univers fonctionne et le partage du temps de parole force l’admiration. Un album haut en couleurs, véritable puit sans fond d’énergie positive…