Colin Stetson.... Colin freakin' Stetson. soupir


Un soir j'ai suivi un camarade - qui se reconnaîtra et que je salue au passage - dans une salle de concert bernoise, où allaient se produire plusieurs artistes de chez Constellation Records pour les quinze ans du label. J'y débarquais en feuille blanche, pur de toute influence ou tentative d'information des styles des différents groupes ; j'étais dans l'expectative totale. À un moment de la soirée le patron du label est monté sur scène pour demander au public de ne plus fumer pendant les quarante-cinq minutes suivantes, car le prochain artiste avait besoin "de beaucoup respirer". Tout de suite on a pensé que c'était un patron fort attentionné que voilà et peu après sieur Stetson montait sur les planches, décidé à nous faire décoller vers des hauteurs inimaginables pour le frêle spectateur tout neuf que j'étais à ce moment-là.


Pour ceux qui arriveraient en route et viennent de poser leur sac au fond, deux-trois mots d'explication : Colin Stetson est un saxophoniste canadien qui joue principalement du ténor et du basse (l'instrument fait presque sa taille, c'est impressionnant) et qui use de plusieurs techniques dans sa musique. Tout d'abord une respiration continue qui lui permet d'exécuter de longs morceaux (jusqu'à 15 minutes non-stop sur le volume 3 de son épique New History Warfare), d'un micro placé sur sa gorge pour ajouter des sons gutturaux profonds, et un autre au niveau de ses doigts pour qu'il puisse même faire un peu de percu grâce aux clapets de son instrument. Multitâche, le mec.


Le découvrir, c'est s'exposer à des sons d'une originalité rare, et d'une qualité et d'une pénétration sensorielle inespérées... sérieusement je sais pas quel animal sacré je dois sacrifier pour qu'il daigne revenir du côté de la Suisse, pays qu'il semble soigneusement éviter lors de ses tournées européennes.


Grosso-modo, voilà le monsieur. L'album maintenant.


New History Warfare vol. 2 est le premier album qu'il aie fait produire chez Constellation, et autant dire qu'il est exceptionnel. Les sonorités, les jeux de percussion sur les touches de l'instrument, les lames de fond qu'il balance au milieu de la mélodie sont autant d'éléments décoiffants qui me font ballotter comme un papier d'emballage dans le vent d'hiver (je suis pas sûr de la qualité de cette métaphore, mais ça devrait être joli), à la fois tourmenté et apaisé, emporté de plein gré dans un tourbillon de sensations assez indescriptibles.
Le tour de force c'est que dans l'album transparaît encore beaucoup de cette force de sensation qu'on peut ressentir lors des live, avec une seule ombre pour moi : qu'est-ce qu'il a essayé de faire sur Judges ? Il essayait de battre son record de vitesse ? Dans tous les cas sa qualité est pour ainsi dire médiocre si on la compare avec une performance live (une bien meilleure se trouve ici https://www.youtube.com/watch?v=k9YJM2GCvk8)
Tout le reste est priceless. Même les morceaux où il est accompagné d'une voix. J'apprécie pas trop d'entendre un chanteur ou une chanteuse par-dessus des morceaux d'instrus, mais sur cet album c'est pas encore trop envahissant, donc on s'en accommode. Et pis c'est plutôt bien chanté.


Home <3 <3
Red Horse <3 <3 <3 <3 <3 <3
The Righteous Wrath of an Honorable Man <3 <3 <3 <3


Beaucoup d'amour et de sentiments pour l'oeuvre d'un artiste que j'admire. T'as réussi à me faire aimer les cuivres, Colin. ça c'est ton vrai tour de force !!


Au plaisir de te revoir sur scène. En attendant, je vais me passer tes albums en boucle pour me consoler.

TheB0GH
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le 12 déc. 2014

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