Petit à petit, les choses se mettent en place.
Si Ride the Tiger était un pot-pourri d’influences pour une des figures majeures de l’indé, New Wave Hot Dogs est la première œuvre dévoilant plus de leur personnalité. A postériori, cette pochette et ce titre à l’allure de blague potache ont de quoi étonner les amateurs de leurs albums tardifs. Pourtant, c’est bien cet élément qui nous rappelle à quel point Yo La Tengo est modeste et ne se prend pas au sérieux. Contrairement au voisinage New Yorkais, les natifs de Hoboken ne cultivent pas de penchant vers un intellectualisme à outrance. Puisqu’ils sont des gens plutôt simples et ouverts à la musique rurale de leur pays.
New Wave Hot Dogs résume parfaitement cette simplicité en alliant deux faces d’une même pièce. Un rock rageur et bruyant sur l’une. Un folk ensoleillé et optimiste sur l’autre. Les compositions dans la première catégorie sont simples, directes et font preuve d’une spontanéité qui fait plaisir. Les secondes calment le jeu tout en permettant de se rendre compte qu’Ira Kaplan a des ambitions de songwriters et pas seulement de rockeur (« Did I Tell You » et « It's Alright »). Même si sa science de l’accord qui fait mouche (« 3 Blocks From Groove St ») n’a rien à envier aux meilleurs guitaristes de la Jangle Pop.
Malheureusement, si cette alternance entre énergie presque punk et intimité folk rend le disque écoutable, les chansons ne sont pas toujours remarquables. La modernisation de cette approche tendant à se faire au détriment de la qualité mélodique. Dommage car quand les deux sont liées harmonieusement, ça donne de sacrées réussites. Les accords introductifs de « Clunk » attirent immédiatement l’attention et emmènent le morceau très haut lorsque le ton se fait plus chaotique à la Velvet Underground.
Le fait de ne pas avoir de bassiste stable ne devait pas être facile à gérer (Stephan Wichnewski remplace Mike Lewis cette fois-ci). Et il est possible que l’album soit sorti dans la précipitation (seulement un an après Ride The Tiger). Ce qui expliquerait pourquoi les morceaux les plus rapides soient aussi fougueux qu’approximatifs (« The Story Of Jazz »).
Dans les balbutiements de l’indie rock, New Wave Hot Dogs est néanmoins une œuvre intéressante. Aux côtés de Sonic Youth, Dinosaur Jr. et autre Galaxie 500, Yo La Tengo désigne une quatrième voie pour le rock indépendant ricain. Une voie qu’on pourrait accuser d’être sans position franche et marquée. Car parfois pop, souvent noisy, quelquefois folk. Mais c’est bien cette tendance à voguer entre les différents courants qui a fait de ce vénérable combo une des entités les plus singulières du style.
Il ne leur reste plus qu’à soigner leurs compositions. Privilégier les atmosphères pour y apporter plus de profondeur et le tour sera joué !
Chronique consultable sur Forces Parallèles.