En 2014, A Bouche Que Veux-tu sonnait pour moi comme une révélation. Nues, en 2017, ne sera que la confirmation.
Une confirmation qui change de ton. Car la malice, l'espièglerie et l'affirmation cèdent la place à l'intime. Celui qui avait affleuré à la faveur d'une chanson comme Le Déclin, une des plus belles compositions de ces dernières années sur le quotidien amoureux.
Il y aura évidemment, en guise de totem de ce nouvel album, Palladium, le morceau qui est repris partout, qui résonne dans le coeur dès les premières notes de musique. Oui. C'est certainement le titre que l'on retiendra par sa rythmique alanguie et la force déployée pour surmonter le chagrin, entre dépit, tristes sourires et espoirs de beaux lendemains.
Mais ne se souvenir que de ce Palladium, entame idéale, serait sans doute réduire Nues à un simple prolongement de l'album précédent. Alors que l'intime se parera d'accents plus graves, plus désenchantés. Tout d'abord avec le formidable Sauver Ma Peau, dont le rythme marque l'urgence de se préserver et dont la mélodie rappellera, de manière étrange, ce qu'aurait pu faire Michel Berger si celui-ci était encore de ce monde. Mais surtout, le coeur retiendra, à coup sûr, Mon Intime Etranger, irrigué de toutes les douleurs, de toutes les failles, de toutes les blessures encore à vif du manque et de l'absence. Celles que l'on garde pour toute la vie ouvertes. Par l'emprise, la tutelle dont on ne pourra finalement jamais se défaire. Mon Intime Etranger fera mal, en arrachant des larmes aux yeux dès la première écoute.
De son côté, La Morsure, s'il appartient au même registre intime, se montrera cependant un peu moins séduisant. Le texte est toujours aussi entraînant, ludique et bien vu. Mais la chanson pourra souffrir d'une forme de trop plein vocal et d'une sonorité orientale beaucoup trop envahissante. Dommage, même si Carnivore, en fin d'album, ou Le Goût du Sel de tes Larmes viennent redresser la barre de belle manière.
Nues se rhabillera enfin, le temps de quelques plages des plus inspirées, des motifs classiques d'un groupe qui, décidément, a presque tout bon. Musiques alertes comme un feu-follet, textes effrontés, facétieux, rimes malignes, c'est d'abord Paris qui enhardit le duo, pimpant, charmeur, qui donne le sourire et l'envie de se repasser en boucle la chanson pour égayer sa journée.
Zelda et Tomboy Manqué, très bons, se montreront encore plus classiques, alors que La Baby Doll de mon Idole, minaudant avec délice, charmant en diable, immédiatement attachant et accrocheur, rappellera tout à la fois des titres comme Charlie Chéri et L'Echappée Belle. Il y a pire référence.
Nues n'aura finalement peut être pour seul et unique défaut de ne pas être aussi instantanément définitif que l'opus précédent, A Bouche Que Veux-Tu, l'empêchant au finish de lui attribuer sur SC le petit coeur de la recommandation.
Il s'en est fallu d'un cheveu. Et que Brigitte se dénude, peut être, un peu plus encore.
Behind_the_Mask, qui voudrait bien goûter aux joies de l'amour à trois.