J’suis comme ça moi, j’suis un fou, un warrior, un déglingo. Un grand malade. En votre nom, amis lecteurs, j’ai écouté Nylon Maiden, de Thomas Zwijsen, en entier, jusqu’au bout, sans en louper la moindre note. Et bordel, qu’est-ce que c’était chiant !
Pourtant j’adore Iron Maiden, j’aime les guitares et les guitaristes, j’en suis moi-même un, alors qu’est-ce qui cloche ? Observons les faits : un album de reprises, soit. C’est assez souvent une mauvaise idée, les tribute ou albums complets consacrés à un seul groupe/artiste n’ayant laissé que très peu de bons souvenirs depuis qu’ils existent. On est loin des habitudes des jazzmen, qui reprenaient les standards les uns des autres ; autant je peux me permettre de dire : « On Green Dolphin Street ? Ouais j’adore ce morceau, mais quelle est ta version préférée ? Celle de Miles et Coltrane, celle de Bill Evans ? Perso j’adore celle du Chick Corea Akoustik Band avec Dave Weckl à la batterie, une tuerie monumentale », autant ça va me paraître vraiment difficile d’entamer une conversation sur quelle est ma version préférée d’Hallowed Be Thy Name. Puisqu’il ne souffre guère de doute que la meilleure version est celle de Maiden, les autres n’étant pour la plupart que des hommages, au mieux maladroits et poussifs.
Et pourtant, des fois, ça fonctionne plutôt bien. Les versions de Gypsy (Mercyful Fate) et A Fine Day to Die (Bathory) en bonus track du premier LP d’Emperor, In The Nightside Eclipse, sont exceptionnelles, comme la version de No Time To Cry (Sisters Of Mercy) par Cradle Of Filth. Je me demande d’ailleurs si par moments, je ne préfère pas la reprise. Par exemple, je trouve la version de Venus par Bananarama nettement plus fun et intéressante que l’original de Shocking Blue. On pourrait en citer plein des exemples de ce genre mais vous constaterez à chaque fois qu’il s’agit de morceaux isolés, de bonus tracks, ou d’inédits parus sur des EP’s, de B-sides en tous genres, et rarement d’un album entier.
Deuxième point qui gêne sérieusement, le concept de reprises instrumentales. Honnêtement, vous avez souvent écouté Apocalyptica Plays Metallica By Four Cello, de bout en bout, sans commencer à bailler ? Et je ne vous parle même pas du London Symphony Orchestra qui a produit tant d’albums de reprises, de Pink Floyd à Genesis, tous plus chiants les uns que les autres. Et puis y a les pianistes aussi, machin qui joue du Dream Theater, bidule du Pink Floyd, encore. Pitié, arrêtez. Arrêtez parce qu’on s’en fout, si je veux entendre un petit génie qui reprend du Deep Purple avec une cornemuse y a Youtube.
Le seul truc qui peut attirer véritablement dans ce genre de concept, c’est l’originalité. Les mash-up par exemple, mélanges de chansons mixées entre deux artistes, ça c’est original, drôle, même si parfois difficilement écoutable : je vous conseille Beatles versus Wu-Tang Clan, un must. Y a l’option comique aussi, avec les Santa Claws qui reprennent du Metallica avec des instruments « de Noël », ça n’existe pas vraiment mais vous voyez ce que je veux dire. Une version hilarante de Welcome Home Sanatorium, et qui je l’avoue est même franchement intéressante, en plus d’être drôle.
Que nous propose le héros de l’acoustique Thomas Zwisjen, fort de ses millions de vues sur Youtube, légitimé par sa tournée avec Blaze Bailey et son importante (et intéressante) participation à l’album de ce dernier King Of Metal ? Un album relativement fade, composé de morceaux dont l’intérêt s’éclipse rapidement. Oui bien sûr, c’est très drôle, amusant, étonnant, kiffant, rayez la mention inutile, d’entendre l’intro d’Aces High, mais quand vous en êtes à la cinquième minute de Dance Of Death, dur dur de ne pas zapper.
Les morceaux ? Bien évidemment, ils sont inattaquables. Du moins c’est ce qu’on pourrait imaginer, soyons sérieux, c’est un album de reprises de Maiden, le gars ne va pas nous faire l’intégrale de No Prayer For The Dying. Mais le sont-ils, vraiment ? Inattaquables ? Regardons de plus près : des classiques des années 80 (Aces High, The Trooper, Wasted Years, The Clairvoyant, Can I Play With Madness: deux extraits de 7th Son, l’homme a du goût !), le tube sacrilège tiré de Fear Of The Dark (Wasting Love), un morceau pour faire plaisir à Blaze (The Clansman) et enfin quatre extraits des années 2000 (Blood Brothers, Rainmaker, Dance Of Death et The Talisman). A mon avis, c’est là qu’on atteint les limites de l’exercice. Les plus de huit minutes de Dance Of Death, Blood Brothers, The Clansman et The Talisman sont beaucoup trop longues. Déjà sur les albums de Maiden c’est parfois un peu long, mais seul à la gratte ? Une purge oui.
Le problème de Zwijsen c’est pas qu’il soit mauvais, mettons-nous bien d’accord le mec est juste monstrueux. C’est la démarche qui est chiante, et l’album long comme un jour sans pain, un véritable soporifique. Qu’il fasse un LP ce brave monsieur, avec des chansons bien à lui, et il pourra toujours nous coller en fin d’album une ou deux reprises, et là je serai le premier à m’extasier (sauf si Blaze est au chant bien sûr). Mais un album entier non merci, c’est trop.
C’est bien ça le problème avec Nylon Maiden : le choix des morceaux ? Ben ça se discute pas vraiment, c’est un choix honorable, je n’aurais pas fait le même mais c’est totalement subjectif. La qualité des morceaux ? Ben là faudrait en parler sur la chronique d’un album de Maiden, c’est donc pas vraiment le sujet. La qualité d’interprétation ? Presque rien à dire, quelques petits problèmes de tempos par moments mais c’est très rare, c’est parfois peu mielleux mais bon, rien de très rédhibitoire. L’originalité de la démarche ? Ah ben là on est proche du degré zéro évidemment, des reprises de Maiden, oh mon Dieu c’est fou je n’y avais jamais pensé ! L’intérêt de la démarche ? Fort à chaque début de morceau, faiblissant au bout de deux minutes, s’amollissant sérieusement au bout de quatre, mayday au bout de six, et au bout de huit minutes, vous serez le plus souvent plongés dans un état de mort cérébrale.
Amis lecteurs, n’achetez pas cet album, c’est inutile, allez voir les vidéos sur Youtube, et je vous conseille aussi le portugais de douze ans qui reprend Trilogy d’ELP c’est ébouriffant, et le mec qui fait Bohemian Rhapsody en faisant des bruits de pets avec ses mains c’est franchement hilarant. Deux minutes.