Difficile de chroniquer un tel objet. Chanter le sexe, c’est risqué. La vulgarité et le ridicule ne sont jamais bien loin, et les éviter relève de la science sinon du génie. Ce pari, Circé Deslandes l’a relevé, et l’a gagné. Mais plus que le sexe, c’est la féminité que la jeune femme chante. Une féminité jeune, moderne, décomplexée, libre. De la sorcière à qui elle empreinte le nom, elle a pris l’attraction vénéneuse, ce côté fascinant. Et des landes, elle pris la brume, ce voile de mystère duquel elle s’entoure, cette distance plus ou moins importante qu’elle apporte à son chant et à ses textes. Tout ça est magnifié par sa musique, ni tout à fait chanson ni complètement trip-hop. L’ensemble, les textes en moins, peut rappeler Emilie Simon, de loin. Mais « Oestrogenese » est un microcosme, un monde en soi, une plongée impudique dans l’intimité ou plutôt l’imaginaire et les fantasmes de Circé, une expérience. Je dois vous avouer qu’à quelques exceptions près, j’accroche pas mal à ce disque, et ce à mon grand étonnement, tant ce genre d’essai musical mi-poétique mi-réaliste a d’habitude le don de me rebuter. Peut-être sont-ce ces discrètes incursions ambient, soul ou pop qui lui amènent de la diversité ? Oh, bien sûr, je continue à trouver certains passages trop allumés ou trop caricaturaux pour y adhérer, mais ils restent minoritaires. Au final, une jolie découverte !