Un nouvel album de Richard D. James est déjà un séisme en soi, qu'en sera-t-il alors avec cette double galette ? Le voisin de label et de sampler d'Autechre, certes moins déjanté et plus musical stricto sensu, se rapproche de plus en plus de la porte à côté, et est parfois à la limite du mimétisme (parler de plagiat serait déplacé tant le talent du bonhomme n'est plus à démontrer et les loops sont du travail d'orfèvre). Plastikman n'est pas loin non plus sur certains passages plus atmosphériques, voir carrément ambiant... Drukqs est une somme, un tout, et on ne peut, à mon sens, en extraire un titre plutôt qu'un autre. Car même si le monde d'Aphex Twin n'est pas uniformisé, même si sa science nous repose un instant et nous fait taper du pied quelques secondes plus tard, cet univers ne peut être parcellé, il doit par essence demeurer entier et intact, toute tentative de retouche risquant de faire basculer cette fragile et tortueuse architecture dans l'abîme. Nul doute pourtant que le sieur Richard élabore et élaborera encore d'autres châteaux sonores avec ce qui lui tombera sous la main, petits bouts de vie d'objets dont lui seul connaît l'origine, rythmiques extra-terrestres et murmures fantomatiques... Le « Mozart de l'électronique » a encore une fois mérité son surnom, et on devine que le maître, au fond de sa paisible retraite, salue l'élève, un sourire amusé aux lèvres...