Lâcheté et mensonges
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Avec l'approche de la fin d'année, le rituel des Top 10 s'empare de la quasi-totalité de la gente journalistique, professionnelle ou non. Or, depuis une petite décennie, il devient presque impossible de trouver plus d'un album en commun à deux listes, même savamment construites par des aficionados des mêmes courants musicaux. Si l'on passe sur le snobisme consistant à n'inclure dans son Top que des artistes radicalement inconnus, on peut être préoccupés autant par l'absence de musiciens "majeurs" réconciliant la planète (je ne parle bien sûr pas ici des "produits" globalement marketés qui n'ont pas grand-chose à voir avec la musique...) que par l'hyper atomisation des goûts, exacerbée par la mise à disposition de tout - et n'importe quoi - souvent gratuitement sur le Net. Plutôt que de nous désespérer en attendant les prochains Beatles - qui ne viendront sans doute jamais - regardons plutôt le verre à moitié plein !
Amateurs de garage rock éternel ? Alors que nous avons grandi dans les années 80 et 90 entre les Cramps et les Fleshtones (toujours vaillants, au fait !), nous pouvons désormais nous régaler des assauts furieux de dizaines de groupes inconnus, propageant le gospel psychédélique et bruyant issu des années 60 et mettant le feu aux salles de la Scandinavie à l'Australie. Le bonheur, non ?
Penchons-nous sur le cas des Australiens – mais aussi Nouveaux-Zélandais (quelle alliance !) - de Sydney qui officient sous le patronyme de Straight Arrows, ce que l'on peut traduire comme "les mecs sans surprises". Car dès "Nothing to Me", il n'y a - semble-t-il - aucune surprise dans ce "On Top!" : ça envoie du bois, ça va vite, ça braille sans trop se soucier de bien chanter, et le son est... sale ? Rudimentaire, dirons-nous... On sent tout de suite que, sur scène, ça doit ressembler à un cocktail molotov au Jack Daniels accroché à la queue d'un kangourou qui saute partout... ! Sauf que, une fois qu'on s'habitue à la voix... particulière de Owen Penglis, à la linéarité des compositions, au manque de profondeur d’un son âcre et pourtant intemporel, on réalise que ces fameuses compositions sont terriblement addictives, furieusement pop même. Et donc que l'étiquette fluo de garage rock à mi-chemin entre la pop anglaise éternelle (plus qu’une coloration Stones / Kinks sixties…) et psychédélisme californien, avec de sévères poussées de méchanceté punk ("Headache" : 84 secondes d’hystérie parfaite ! "Buried Again" : l’héritage stoogien et sa brutalité poisseuse…), peine à décrire l'euphorie que dégage cet album singulièrement revigorant.
11 vraies chansons, avec refrains addictifs, guitares saturées et roulements de batterie, 11 brûlots pop qui font pour la plupart moins de 3 minutes, mais paraissent animées de cette fougue innocente qu’on imaginait perdue depuis 1967 ("Gunman", "Out and Down", "I Don’t"…), et qui composent un album de moins de 30 minutes au charme intemporel. Un album qui nous ferait presque rêver que tout peut à nouveau recommencer à zéro. Que le Rock reste toujours la musique la plus vivante, la plus fraîche de 2018.
Allez, on se fait plaisir et on le remet ?
[Critique écrite en 2018]
Créée
le 20 déc. 2018
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