P... de plage !
1974, Neil est sur la plage, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a une grosse déprime. Deux amis morts connement, sa maison de disques qui ne veut pas publier "Tonight's the Night", dans...
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le 21 janv. 2016
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Me contentant pendant longtemps de son expérience au sein de Buffalo Springfield et de Harvest, j'ai dû attendre ce début d'années 2015 et la découverte de Storytone (grand merci à Sergent Pepper au passage !) pour me rendre compte que je passais à côté d'un brillant artiste. Et après l'immense claque de son premier disque avec Crazy Horse, voilà On the Beach, où là encore, j'ai en face de moi une immense oeuvre du canadien. Second volume de ce qu'il a lui-même appelé sa "Ditch trilogy", le Loner est marqué par de tragiques événements et un sentiment triste et mélancolique voire même par moments crépusculaire traverse cet album.
Après l'immense succès, ce à quoi il ne s'attendait pas, de Harvest, Neil Young voit deux de ses amis mourir, le guitariste Danny Whitten (membre du Crazy Horse) et un de ses roadies, tous deux par overdose. Touché par ces deux événements, il enregistre d'abord Tonight's the Night, qui sera, dans un premier temps, refusé par sa maison disque (il sortira finalement une année après On The Beach) avant de se lancer dans ce dernier. Pourtant, à l'écoute d'On The Beach, si on ressent bien cette ambiance un peu sombre voire pessimiste, il semble, sur une ou deux chansons, se sentir (un peu) mieux, comme s'il commençait à faire deuil de ses amis. Neil Young revient, dans cet album, sur quelques événements qui l'ont marqué durant ce début des années 1970, à l'image de ces deux décès, mais c'est aussi le sentiment de la fin du rêve hippie, notamment lorsqu'il évoque Charles Manson et sa famille, qu'on ressent et un nouveau regard vers l'avenir.
L'une des forces d'On the Beach se trouve dans l'entourage du Loner, où le canadien s'entoure de musiciens aussi talentueux individuellement qu'ils savent jouer ensemble et ce, de la plus belle des manières, à l'image de David Crosby, Graham Nash ou encore les membres de son Crazy Horse. S'ouvrant sur Walk on, une intro bien rock où il joue d'ailleurs avec le Crazy Horse, le Loner montre qu'il a bien toute sa voix, le sens du rythme et qu'il est inspiré. Il en profite d'ailleurs pour répondre et fermer le débat avec Lynyrd Skynyrd qui l'avait égratigné avec Sweet Home Alabama. Dès ce premier titre, au ton plutôt radieux qui contraste avec la suite de l'album, il y a déjà tout ce que j'aime, à l'image de cette guitare slide si bien utilisée. C'est dès la suivante que le Loner change radicalement de style avec la magnifique See the sky about to Rain. L'ambiance est triste, les quelques touches de piano sont sublimes et font corps avec une guitare au ton plus country et la voix sombre, fragile et presque dépressive de Neil Young, notamment lorsqu'il prononce le titre. Ambiance sombre confirmée par Revolution Blues où il évoque Charles Manson, la chanson est assez rock et le Loner nous gratifie en plus d'un excellent solo.
Neil Young est ici aussi inspiré qu'il est bon musicien, son entente avec ceux qui jouent avec lui n'est pas loin de la perfection, l'ensemble forme une osmose parfaite et il suffit de fermer les yeux et de se laisser bercer par le sens de la musique du Loner. En plus de sortir, pour mon plus grand bonheur, régulièrement l'harmonica, il se permet aussi de jouer du banjo et ça donne la pépite folk mélancolique For the Turnstiles où le duo acoustique/banjo est juste fabuleux. Neil Young termine sa première face avec le bluesy Vampire Blues où l'orgue s'associe joliment avec une excellente et virtuose guitare électrique. On se rend compte sur cette première face, la qualité de la production qui, sans lourdeur, fait ressortir toute l'ambiance de l'album et magnifie les arrangements et la voix de Neil Young.
Dès la suivante et la longue chanson-titre On the Beach on retombe dans une atmosphère plus triste, mélancolie et le canadien en fait ressortir toute l'émotion. Sa virtuosité à la guitare sert cette ambiance et on ressent ici, comme dans les autres, la façon dont tous les instruments, dont la très bonne basse, forment un tout vraiment talentueux et puissant. Il continue dans la tristesse avec l'acoustique Motion Pictures (For Carrie), avec tout de même une touche électrique plus bluesy. Il la dédie à l'actrice Carrie Snodgress, son ex-petite amie dont le ton mélancolique indique que la rupture n'est pas tout à fait cicatrisée. Terminant sur la longue Ambulance Blues il continue dans la tristesse et la mélancolie, ici sur un ton bluesy où sa voix est sublime, collant parfaitement à l'arrangement minimaliste mais ô combien inspiré et génial. Elle conclut un disque qui, à l'exception d'un ou deux regains joyeux, est aussi immense qu'il est triste et mélancolique. Ses idées et ajouts d'instruments (l'harmonica, le piano, la slide...), font corps avec ses arrangements et l'ambiance qui traverse tout le long cet album.
Voilà qui achève un immense album, un de plus pour le Loner que je découvre réellement depuis quelque temps et je tiens là un artiste aussi talentueux que profond et riche, comme peut en témoigner, entre autres, cet album, soit un nouveau choc musical. C'est un Neil Young mélancolique , presque dépressif et triste qui enregistre On the Beach où, entouré de talentueux musiciens, le parolier rencontre le génial et bluesy créateur et retranscrit ses doutes et tristesses de la plus belle et émotive des manières.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes It's only rock'n roll... (but I like it !), 2015 : Année musicale (côté découverte), 111 pour l'éternité (côté musique) et Neil Young
Créée
le 6 avr. 2015
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