P... de plage !
1974, Neil est sur la plage, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a une grosse déprime. Deux amis morts connement, sa maison de disques qui ne veut pas publier "Tonight's the Night", dans...
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le 21 janv. 2016
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1974, Neil est sur la plage, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il a une grosse déprime. Deux amis morts connement, sa maison de disques qui ne veut pas publier "Tonight's the Night", dans lequel il a gueulé toute sa rage et tout son désespoir, et un horizon pas très clair qu'il scrute en vain : après le carton planétaire de "Harvest", Neil ne sait pas trop ce qu'il a envie de faire. Peut-être empaqueter un peu plus joliment, et modestement aussi son "blues", pour que Reprise (et le grand public...) ne remarque pas trop le dégoût qui suinte encore de ses chansons ? Oui, c'est ça, battre le rappel de bons musiciens, reconnus, chevronnés, pour faire - en apparence - exactement le contraire du blues et de la country déglingués de "Tonight's The Night"... mais - en réalité - enfoncer exactement le même clou. Le même clou dans le cercueil du rêve hippie, mort lamentablement dans les excès de drogues et dans l'irresponsabilité générale. Commencer le disque par un truc country qui rigole et rebondit en souriant, pour attraper les mouches avec du miel, avant de verser une dose de mélancolie glacée et une dose d'acide brûlant dans les chansons suivantes. Oui, de belles mélodies, chantées calmement, et des solos de guitare bien posés, pour faire croire que "Tonight's The Night" n'a été qu'un accident, et puis, quand l'auditeur ne s'y attend pas, balancer la purée : "j'ai tous envie de vous buter, dans vos grosses bagnoles"... souvenir de l'ami Charles Manson, ex-compagnon de jams et de fêtes, qui a sacrément dévissé (... mais qui est resté logique avec lui-même, non ?). Oui, super idée, un titre lénifiant ("sur la plage"), une pochette un peu arty et signifiante (une grosse bagnole ensablée, pourquoi pas ?), et des chansons qui avancent masquées, et qui vont filer un gros bourdon à tous les innocents qui espèrent encore un "Harvest Part 2". Du poison aux couleurs de bonbon californien. Ça devrait se vendre, mais surtout calmer les gars de chez Reprise, histoire de les convaincre de sortir enfin "Tonight's the Night", ce qui est quand même l'objectif, non ? Du coup, Neil a un méchant sourire en travers du visage. Dommage qu'il fasse si froid, sur cette putain de plage... [Critique écrite en 2016]
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le 21 janv. 2016
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