C'est en partant qu'on se trouve : nombreux sont les artistes qui ont vérifié la pertinence de cet adage, en littérature (Hemingway à Paris en reste le modèle incontournable) comme en musique... Souvenons-nous combien Gainsbourg avait retrouvé la flamme, et le succès en passant par Kingston ! Biolay est donc parti enregistrer à Buenos Aires, et les sons de la capitale porteñole abreuvent "Palermo Hollywood" et transforment la "petite musique" du chanteur chic en quelque chose de plus troublant, de plus ouvert aussi : bien sûr, aucun réel intérêt de la part de Benjamin pour la réalité (sociale, politique) d'un pays épuisé, en crise depuis 20 ans ! Benjamin est là pour les femmes, qu'il annonce d'emblée comme belles et libres... On ne se refait pas, Biolay ne sera jamais Manset, explorateur / photographe d'un ailleurs fantasmé mais réel. Biolay est là pour séduire, pour jouir et, on ne se refait pas, donc, pour ressasser ses romantiques obsessions de playboy que la vie a quand même fini par fatiguer. Vampire négligent, il pompe dans "Palermo Hollywood" l'énergie d'une ville dont on connaît la nervosité, l'agressivité même, mais ne se transforme pas pour autant : il suffit de voir les quelques chansons, bien plus faibles, banales presque, enregistrées à Paris, parsemées ça et là dans l'album pour réaliser combien les voix et les rythmes de Buenos Aires, ainsi que la belle langue espagnole, sont essentiels à la vitalité de cet album. Au dos de la pochette, il est écrit "volume 1" : oui, poursuis le voyage, Benjamin, il a redonné des couleurs à tes chansons, et a ranimé notre affection. [Critique écrite en 2016]