Pallaschtom
6.8
Pallaschtom

Album de Ruins (2000)

Le Japon n'est pas franchement une terre qui apparaît immédiatement comme Rock'n'Roll. Pourtant, dans l'archipel aux multiples facettes, derrière les immondices "J-Pop" se terrent quelques unes des plus ambitieuses formation rock. Les Merzbow, Keiji Haino, Acid Mother Temple et autres Boredoms ont su adapter les élans occidentaux pour créer de nouvelles matières fascinantes ! Et, caché parmi ces géants on trouve aussi l'incongru Ruins, duo emmené par le batteur Tatsuya Yoshida (les bassistes sont renouvelés régulièrement). Et ce groupe, tenez-vous bien, revendique comme principale influence Magma ! Un sombre groupe japonais qui avance avec le plus original des groupes français ? Sur le papier, ça sonne curieusement.

Dans l'idée, Yoshida s'approprie le concept de la langue inventée pour le transfigurer en un charabia parent du Kobaïen. Et là premier succès ; le parlé guttural du dialecte contraste furieusement avec la légèreté du japonais et permet d'insérer une dimension rauque généralement absente des groupe nippons. Comme Magma, Ruins compose des éléments mouvants, aux rythmes changeants se parant parfois de psychédélisme ou même de passages jazzys.
Mais malgré cela, la musique des japonais reste très différente de celle du collectif français.

Là où Magma est mené par la vision fédératrice de Vander et par des chœurs habités, Ruins semble plus être le laboratoire des acrobaties saturées de Yoshida & Cie. Sur le présent Pallaschtom, les cascades de rythmes s'enchaînent sans pause, nous remuant le crâne sans pitié au travers de la virtuosité techniques des deux énergumènes. Car il faut que ce soit dit ; comme souvent avec les japonais, c'est du travail d'orfèvre. On ne peut qu'admirer la discipline inhumaine des deux nippons qui s'appliquent avec une précision de chimistes à parfaire leur symbiose malgré les impossibles retournements de situations ordonnés par Yoshida. Tant et si bien qu'on ne sait plus trop si l'on a en face de nous un terrain de jeu noisy ou quelque chose de beaucoup plus carré.
Où s'arrête la liberté rythmique ? Où commence la main de fer du compositeur exigeant ? On laisse à Ruins le bénéfice du doute car avant les intentions de l'artiste c'est la musique qui compte.

Reste qu'au final, avec sa production digne des classiques du hardcore et des cabotineries éreintantes, Pallaschtom est à l'instar de tout bon album de Ruins difficile d'accès. Il faut du temps pour parvenir à jouir pleinement du fun métallique asséné par les deux énergumènes.
TWazoo
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le 6 mai 2014

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T. Wazoo

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