Si le mouvement antifolk fit quelques heureux (on pense bien sûr aux Moldy Peaches, à Adam Green, à Kimya Dawson, à Juno, tout ça tout ça), il laissa cependant derrière lui de nombreux trésors.
Parmi eux, le génie absolu de Jeffrey Lewis évidemment, mais ce n'est pas tout. Il y avait aussi le trop peu reconnu Paul Baribeau.
L'homme à vrai dire colle parfaitement aux canons du genre: des textes éminemment honnêtes et personnels, teintés d'humour et de désespoir, un jeu de guitare basique (mais diablement efficace), de belles mélodies toutes simples et naïves. Et puis toujours cette émotion à fleur de peau qui vous prend à la gorge...
Paul Baribeau, grand barbu en short qui ressemble plus à un randonneur égaré qu'à un artiste antifolk, est en fait actif depuis début 2004 (niveau discographique). Ce qui lui a laissé le temps de s'attirer les faveurs d'un public ultra-fidèle qui à chaque concert reprend en cœur la moindre de ses ritournelles comme s'il s'agissait d'un tube intersidéral.
Il faut avouer que ses petites chansons toutes courtes sont des condensés d'émotion qui vous sautent à la figure les premiers accords à peine grattés. En deux minutes chrono Baribeau a le temps de vous raconter l'alcoolisme de sa mère, son désespoir quand sa copine l'a largué, son amour éternel pour cette fille qui en aime un autre et ses rêves d'avenir... On en ressort orphelin de tout cynisme, enfin libéré de tout les faux-semblants. Une sympathie infinie s'installe alors pour l'auteur de ces missives, comme à un ami qui nous ouvre son cœur et parait soudain si proche et si semblable...
Les compositions de notre homme se savourent comme des petits bonbons tour à tour sucrés ou amers, ravissant le palais puis nous laissant irrémédiablement sur notre faim...
Rarement en tout cas on aura entendu quelqu'un sonner si vrai.
Kimya Dawson, une femme intelligente, confia qu'elle ne put s'empêcher de pleurer la première fois qu'elle entendue "Never Get To Know"... On la comprend tellement.