Perils of the Deep Blue par Nolwenn-Allison
Perils of the Deep Blue est le sixième album de Sirenia, le troisième avec leur dernière chanteuse Ailyn et le quatrième depuis leur revirement easy listening. Autant dire que je n'attendais pas vraiment grand chose d'eux arrivé à ce stade, surtout au vu de leurs trois derniers albums qui se ressemblaient atrocement. Et pourtant, je dois bien avouer que je ne m'attendais vraiment, vraiment, mais vraiment pas à ça. Explication.
Première chose qui frappe : le chant. Ducere Me In Lucem (okay, le thème latin n'est pas leur fort, mais pour le coup on va les excuser), l'introduction de cet album, nous berce grâce à cette voix soprane divine, qui sonne très sirène. Cette même voix se retrouve par la suite sur Seven Widows Weep, My Destiny Coming To Pass, etc. N'ayant pas souvenir que le groupe ait eu une nouvelle recrue pour épauler Ailyn, je m'en vais enquêter de mon côté. Et là, je reste ébahie : cette soprano est ladite Ailyn. Oui, c'est bien cette ex-participante du X-Factor espagnol au timbre un peu nasillard qui irradie l'album de son chant lyrique. C'est assez bluffant et cette nouvelle gamme vocale apporte beaucoup à Perils of the Deep Blue en lui offrant certaines nuances et autres variétés qui manquaient cruellement à la musique de Sirenia.
Second point et pas des moindres : la musique en elle-même et la composition des morceaux. Premier indice : comparons la durée des pistes de The Enigma of Life et celles de Perils of the Deep Blue. Dans le premier, on tourne autour de 3-5 mn, tandis que le second affiche 4-6 mn, dont un titre de 12 mn (ce qui, je crois bien, est un jamais vu dans leur discographie). D'accord, cela ne veut strictement rien dire et est purement artificiel, mais ça dénote déjà d'un léger changement de cap, d'une envie de quitter un peu les rivages de la chanson formatée single pour aller vers des compositions qui sortent un peu plus des sentiers battus.
Les sentiers battus, ils ne les quittent pas aussi radicalement, et c'est, je pense, ce qui fournit la véritable fource de Perils of the Deep Blue. Sirenia se nourrit de beaucoup d'influences dans cet album, sans pour autant oublier leur signature musicale, contestée et contestable, mais qui les caractérisent et qu'il serait complètement idiot de laisser de côté. Exemples : Seven Widows Weep, ses choeurs, sa petite guitare aux riffs acérés, les grunts de Morten Veland, tout ça rappelle énormément Epica mais le refrain est, quant à lui, typiquement Sirenia. Stille Kom Doden, le morceau de 12 minutes, par son ambiance très marquée gothique, limite doom, renoue avec les premiers albums du groupe, voire même l'époque Beyond the Veil de Tristania, qui est l'ancien groupe de Veland, ne l'oublions pas. Je sais pertinemment que les puristes vont m'en vouloir d'avoir rapprocher Perils of the Deep Blue au célèbre album de Tristania, mais je le pense vraiment.
Après, tout n'est pas une réussite. Au milieu de tous ces morceaux qui ne sonnent pas comme du Sirenia mais en fait si, un peu, il y a Decadence. Ce morceau semble le fruit d'un délire electro-pop-dance de Veland qui a dû s'amuser comme un petit fou pour le composer, mais à l'oreille ça ne passe pas, pas au milieu d'un si bon album. Le pire, c'est que je suis sûr que ce parti pris vient d'une blague, du genre : "Eh, ma chanson s'appelle Decadence, ça fait Deca-Dance. LOL." Les gars, ce titre frôle le point Evanescence, et là, je ne vous félicite pas.
Quelle agréable surprise que ce Perils of the Deep Blue ! A l'écoute, j'ai eu l'impression d'explorer de nouvelles contrées avec des gens qui me sont familiers. Loin de perdre son public en adoptant un bon style mais résolument pas raccord avec leurs précédents albums, Sirenia effectue une petite révolution musicale ; oh bien sûr pas à l'échelle du genre du métal sympho-gothique, mais en son sein, ce qui est déjà une bonne chose. Espérons qu'ils ne cèdent pas au chant des sirènes et qu'ils gardent le cap, sinon ils finiront comme Visions of Atlantis, à savoir faire glouglou au fond de l'océan du métal à chanteuse pour s'être trop reposés sur leurs lauriers.