En 1985, Philip Oakey a donc décidé de faire un break avec « Human League », histoire de voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs et surtout, de se remettre de l'ambiance maussade au sein du groupe, après un succès en deçà des espérances pour leur dernier album « Hysteria ». Giorgio Moroder est quant à lui aussi sur la fin de sa carrière, ayant signé un an avant sa dernière grande BO pour « L'Histoire Sans Fin (The NeverEnding Story) » ainsi que son dernier gros tube « Together in Electric Dreams » pour la BO de « La Belle et l'Ordinateur (Electric Dreams) », ayant rencontré succès bien au-delà du film... c'est sur ce morceau que les deux comparses vont essayer de capitaliser, sous une idée bien entendue de leur studio Virgin, avec l'album sobrement intitulé « Philip Oakey & Giorgio Moroder ».
Dès la pochette, on sent que le britannique est plus intéressé par le projet que l'italien ; ce dernier laisse Philip poser en premier plan et son nom est juxtaposé au-dessus de celui de Giorgio. Il faut dire que le leader de Human League ne lui a jamais caché son admiration, il allait enfin pouvoir bosser avec son idole. Giorgio quant à lui s'en fout un peu, il co-écrit cet album de la même manière qu'il a produit d'autres artistes... Les quatre premières pistes sont mixées l'une à l'autre sur une rythmique similaire, comme il l'avait déjà fait pour « From Here To Eternity ». De plus, niveau matos, ses fans auront sûrement des airs de « déjà-entendu » puisqu'il n'utilise rien d'autre que ses synthétiseurs habituels et quelques coéquipiers de toujours. Le moustachu imposera sa propre cadence à Philip et l'album sera bouclé en seulement quelques jours...
Cependant, il n'en est pas pour autant raté. Nos deux comparses ont toujours eu une certaine facilité pour créer de bonnes mélodies, adaptées à de possibles tubes pop, et c'est cette efficacité dans la simplicité qui ressort au final. Giorgio maîtrise son élément, tout est simplement propre et bien produit. Philip chante avec une motivation qu'il égalera rarement. Et les bons morceaux synthpop s'enchaînent, les personnes appréciant le mouvement devraient être comblées. Ma préférence va pour « Brand New Love » et l'utilisation faite des claviers, créant un gimmick enjôleur et entêtant. Mais sans doute qu'après écoute, vous aurez également le prénom de « Valérie » en tête, les ritournelles de « Good Bye, Bad Times » ou « Why Must The Show Go On » et une envie de « Shake it Up » « Now » tout en tombant amoureux de nombreuses fois.
« Philip Oakey & Giorgio Moroder » ne rencontrera pas le succès escompté, sûrement dû à des singles trop faibles par rapport aux attentes suscitées par « Together in Electric Dreams »... mais avec le recul, qu'est-ce que c'est bon et ça fait du bien cette musique typiquement 80's, sans prise de tête, réalisée avec une aisance sans pareil en un temps record. Ça sera d'ailleurs le dernier album aux productions pops et originales pour notre italien moustachu préféré. Dommage, le talent semblait toujours présent. Mais bon, que voulez-vous !? Le mouvement Synthpop commençait à s'éteindre en même temps que le public se lassait. Cet album, pourtant petit, est une énième preuve que ses artistes possédaient un savoir-faire et un sens mélodique hors-normes, qui continue à éclairer et influencer notre génération trente ans plus tard.
http://strangears.tumblr.com/