Population Control
Population Control

Album de Waning (2008)

Parler de Black Metal sans le faire rimer avec la Norvège, c’est rare. Et pour cause, c’est le pays qui lui a donné toute son essence maléfique. Alors, qu’à côté, la Suède versait dans le Death Mélodique et la Finlande dans la mélancolie de ses contrées hivernales. Toutefois, plus d’une fois les Suédois ont marché sur les plates-bandes du malin et, toujours en y posant de nouvelles conventions qui n’ont pas manqué de marquer le genre. On pourrait citer les ténors que sont BATHORY, DARK FUNERAL et MARDUK, mais aussi les suicidaires de SHINING ou les occultes WATAIN. Des noms désormais emblématiques du style, qui ont su proposer une musique novatrice. WANING a beau arriver quinze ans plus tard, il ne déroge pas à la règle avec ce premier album, Population Control, qui respire l’inventivité suédoise.

[...]

Les compositions, longues, laissent ressortir le penchant Progressif du groupe qui prend le temps de construire ses atmosphères sans avoir le blast facile pendant une heure. Et ce, sur un fond de guitares saturées, grésillantes, qui contribuent à amener cette ambiance implacable. Les suédois arpentent plus les terrains d’ENSLAVED et SECRETS OF THE MOON, avec des morceaux intelligents, imprévisibles, qui passent d’une monotonie hypnotique à la force brute en l’espace d’une seconde.

[...]

C’est avec pesanteur que les pistes se meuvent, alternant les breaks fatalistes et ambiances lourdes, ponctuées d’une basse incommode. Sans suivre aucun code, ni un timing précis, les sections rageuses, aux percussions brutales, succèdent à celles étouffantes, créant des pièces variées, et toujours maitrisées. La basse n’est pas toujours décelable, tant les accords graves fourmillent, mais l’on ressent sa présence menaçante, damant le pas à des conclusions extrêmes où la combinaison de riffs dissonants et blast beats inhumains, sur des structures parfois techniques, laisse pantois. À savoir que l’instrumentation se voit affubler de longs passages pour s’exprimer seule et tisser ces atmosphères nébuleuses et tragiques.

[...]

Martial, le boulot est achevé avec un coup de poignet mordant, alors que les riffs se déversent, abrasifs, renvoyant cette image d’insalubrité, d’insécurité. Le chant ne s’accorde également guère d’émotions. Puissante, intransigeante, c’est une voix rocailleuse qui déverse les paroles avec une aversion palpable. Minoritaire sur les pistes, le chant est guttural, éraillé, et posé avec parcimonie pour accompagner cette aura lourde. Pas de questions, pas de fioritures. Les vocaux sont là, à l’instant présent. Ils personnifient la puissance de l’instrumentation, jouant sur les cadences et sonorités pour rendre l’exécution plus sensorielle encore.

[...]

De leurs riffs extrêmes, granuleux, elles densifient l’ambiance obscure, avec quelques accords stridents qui se perdent dans cette masse grouillante, renforçant le malaise du moment. Les cordes saturées parviennent à s’imprégner des sentiments négatifs des paroles, spécialement sur les tempos ralentis lorsqu’elles tournoient sur un ton dévasté, et semblent glaner une dimension dépressive.

[...]

Le déclin, c’est ce que propose WANING en huit mesures, la dernière gagnant une telle intensité qu’il vous sera difficile de vous relever après coup. Pourfendeurs de la condition humaine moribonde et désespérée, ils déversent leurs pensées cinglantes dans un Black Metal minutieux et parfaitement ambiancé. S’il est peut-être difficile de complètement rentrer dans leurs univers glacial, très compact, il l’est encore davantage de sortir de cette tourmente. Moderne, méthodique, et racé, cet album n’a que pour unique but de vous abandonner, dépouillés.

----- Lisez la critique complète et détaillée sur Metal-Impact.com -----
AntoineRA
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 28 oct. 2012

Critique lue 169 fois

AntoineRA

Écrit par

Critique lue 169 fois

Du même critique

Wanderers
AntoineRA
9

Critique de Wanderers par AntoineRA

Derrière ce court-métrage, dépassant tout juste les trois minutes, se cache un véritable bijou d'émerveillement cosmique. Wanderers est une ode à l’exploration spatiale et sa colonisation, que ce...

le 2 déc. 2014

14 j'aime

Caldera
AntoineRA
9

Critique de Caldera par AntoineRA

Il y a des jours, comme ça, où on tombe sur des courts-métrages d'orfèvres. C'est le cas de Caldera, découvert via une news sur le site Allociné. Réalisée par Evan Viera, l’œuvre a déjà récolté...

le 5 avr. 2013

14 j'aime

2

Minutes to Midnight
AntoineRA
7

Critique de Minutes to Midnight par AntoineRA

C’est étrange comment on peut en venir à renier, voire haïr un groupe pour, la majorité du temps, se faire bien voir parmi la communauté Metal. C’est le cas de LINKIN PARK. Le nom vous donne des...

le 27 oct. 2012

14 j'aime