Un portrait robot, c’est quoi ? Une image floue, définie sur des on-dit, des on-a-cru-voir, des on-pense-que…Cet homme a les cheveux bruns, lisses, avec une raie sur le côté, des grandes lunettes, un visage plutôt rond avec une fossette au menton.
Vu sous cet angle, cet homme ne présente aucun intérêt particulier. Et pourtant, à l’intérieur de cet homme, de merveilleuse harmonies, des notes, des rythmes, des clés, des altérations, bémols, dièses, bécarres, des syncopes, des croches, des accords, secondes, tierces, sixtes, des triples croches, des siciliennes, des triolets, des da capo… une source musicale inépuisable qui court, bouillonne et finit par jaillir sur les plages d’un disque …Portrait Robot.
L’intérieur de cet homme, un examen IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) du cerveau, un bilan audiométrique tonal, un électrocardiogramme, une échographie de profil de la tête -pourtant joints à la jaquette - ne permettent pas d’en identifier les composantes artistiques. L’origine de cet extraordinaire puits de musique est un secret impalpable et surtout indéfinissable par les techniques humaines, policières ou médicales.
Entre la première (Examen de conscience, mise en ambiance de quelques secondes) et la Dernière plage (émouvant pianotage dépouillé), c’est à une bouleversante démonstration de talent pur qu’on assiste. Magistral et terriblement émouvant à la fois, cet enchaînement riche, varié et original de morceaux fourmillant de ressources, de finesse et de profondeur a – comme pour le témoin face à l’exercice du portrait-robot - quelque chose d’indescriptible, comme une peur de trahir en allant trop en décortiquer le contenu.
A l’aise dans tous les compartiments de son art, entouré de musiciens hors-pair, l’artiste nous offre un disque généreux, plein de détails magiques, de chansons parfaites, de clins d’yeux, d’orchestrations (cordes, cuivres, claviers) splendides que survolent d’authentiques instants de grâce.
La pop française a trouvé son roi : il s’appelle Bertrand Burgalat.