Après le virulent et indispensable In On The Kill Taker, Fugazi arrive avec ce Red Medicine chargé d'un son plus sale et macéré. Ce qui renverrait par ailleurs dans ce domaine à réécouter le premier EP, renommé 7 Songs, qui date de 1988.
Dans cet album arrivé dans les bacs en 1995, l'énergie se fait plus pesante mais n'en demeure pas moins véloce par des morceaux plus vigoureux comme "Bed For The Scraping", "Back To Base" et "Downed City". Ian MacKaye et Guy Picciotto entremêlent les sons de leurs guitares aux dissonances plus enrouées à l'écoute du début de "Do You Like Me" et plus loin avec "Latest Disgrace". Ça rugit comme des vieux lions fatigués au fond de leur cage. L'atmosphère est lourde comme un milieu carcéral. Mélancolique dès que se manifeste "Forensic Scene". Lugubre, vraiment lugubre quand passe le morceau instrumental qu'est "Version", où Joe Lally fait gronder sa basse depuis des bas-fonds, tandis que plane une inquiétante clarinette et d'autres sons étranges tels des fantômes électriques venus hanter les lieux. Le même air reviendra sous le titre de "Long Distance Runner", en toute fin, en plainte et en cri, la rage encore aux tripes. En milieu d'album, "Combination Lock" et "Fell, Destroyed", les plus calmes de la liste, donnent des minutes de répits avant que l'auditeur replonge dans plus de noirceur attendue avec le lent et torturé "By You".
Le groupe de Washington D.C. a encore tapé avec treize titres comprenant un paquet de coups de pelles oxydées plus expérimentales souvent et destinées à nos bonnes oreilles.
On reste preneur !