L'organiste qu'était Duruflé vous surprendra peut-être par ce Requiem qui signale en première approche une vraie maîtrise de la composition et des différentes couleurs qu'on peut demander à un orchestre. Le chœur répond de même à nos attentes de polyphonie et de nuances, l'ensemble est exigent. Je confesse être un épouvantable baroqueux et pourtant avoir été séduit dès ma jeunesse par cette œuvre, ses accents théâtraux ne nuisant en rien à ma recherche de spiritualité. On y reconnaît aussi certains thèmes grégoriens.
Cet enregistrement remonte à 1984, deux ans avant la mort du compositeur. Et il me plaît d'ajouter que pour un presque dernier hommage de son vivant, c'est Michel Corboz qui honore le maître en dirigeant de l'orgue, quelle joie pour le compositeur j'imagine. Joie accrue par deux solistes dont les seuls noms sont des accroche-coeur :Teresa Berganza et José Van Dam. J'aurais rêvé être des leurs à ce concert à l'atmosphère tendre...
Je déteste habituellement les enregistrements de concert, celui-ci est très "propre", le public est comme absent pour notre égoïste plaisir.
Et puis, je ne sais pourquoi, les "Agnus Dei" sont facilement mes mesures préférées dans les messes, c'est encore le cas ici, tout y est au plus intime du sens chrétien du texte. Bleufant (pardon).
Vous en sortirez revivifiés (pardon, je n'ai pu résister) et apaisés. Bonne écoute !