Ride the Tiger
7.1
Ride the Tiger

Album de Yo La Tengo (1986)

Les débuts folkeux d’un futur grand de l'indie

Plus de trente ans d’existence et presque une quinzaine d’albums studio. Yo La Tengo n’est pas le groupe d’indie rock le plus prolifique, mais c’est un des plus anciens du "genre". Une sorte de pilier inamovible qui continue à sortir de la musique plus ou moins régulièrement.


Cette longue carrière a néanmoins connu des débuts difficiles et une longue mise en place d’un line up stable. Puisqu’au départ, Yo La Tengo est avant tout l’histoire de deux personnes : le guitariste et ex-critique rock Ira Kaplan ainsi que la batteuse Georgia Hubley. Malgré le fait que ce couple, à la vie comme à la scène, est produit par le bassiste de Mission of Burma (Clint Conley), ils rencontrent pendant plusieurs années cette difficulté à trouver une basse fidèle pour constituer ce fameux noyau dur qui leur permettra d’enchaîner les sorties de grande qualité.
Pour le moment, c’est Mike Lewis qui se colle à la tâche sans se douter que sa participation sera brève chez eux. Le second guitariste Dave Schramm se partage également le chant avec Kaplan qui, sans être un grand chanteur, se montre plutôt à l’aise à ce poste.


Ride the Tiger est tout simplement le début de quelque chose. Encourageant mais maladroit et pas spécialement passionnant. Seulement, comme tous les premiers pas, ils sont intéressants dans le sens qu’ils permettent de découvrir toute la musique qu’ils aiment ! En l’occurrence, le Velvet Underground, Violent Femmes et une musique particulièrement représentative des années 1980 : la jangle pop. Cependant, en bon Ricains qu’ils sont, ils sont plus du côté R.E.M. que Smiths de la force. C’est-à-dire, beaucoup moins portés sur le post-punk que sur le folk et la country.


C’est justement pour cette raison que ce disque est si à part dans leur discographie. En effet, les influences slowcore et shoegaze, qui font la réussite de leurs opus de la fin des années 1990, n’arrivent que bien plus tard dans leur son.


Pourtant, toute leur démarche d’éclectisme, avec ce mélange d’ancien et de nouveau, est en vérité déjà en gestation ici. Un dynamisme rendant le folk rock énergique (« The Cone of Silence » et « The Forest Green »), un sens de la mélodie pop (la sympathique reprise des Kinks, « Big Sky » ou les chœurs de « The Way Some People Die ») et un zeste d’expérimentation noisy (l’ébouriffant « The Evil That Men Do »).
Dommage que le groupe soit subitement moins intéressant quand il ralentit le tempo (« The Pain Of Pain » et « Alrock's Bells ») et sa passion pour la country risque de ne pas être partagée par tout le monde.


Désagréable, Ride the Tiger ne l’est certainement pas. Hélas, il est tout de même anecdotique et pas uniquement dans le cadre de la discographie de Yo La Tengo. Ce qui est révélateur de son intérêt même si les plus acharnés pourront dragouiller la galette et lui trouveront plein de charme. Ce qui est normal : dès le départ, ces jeunes gens en avaient à revendre. Ils ne savaient juste pas encore le mettre bien en avant et le rendre sexy. Patience !


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
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le 22 juil. 2017

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