Déflagration électronique

Civil Civic, duo australien expatrié à Londres et à Barcelone, a été fondé en 2009 par Aaron Cupples, guitariste, et Benjamin Green, bassiste. Les deux membres sont aussi équipés chacun d'un synthétiseur, et accompagnés d'une boîte à rythmes qui, si elle semble gonflante au premier abord, s'efface peu à peu face aux autres instruments afin de faire vibrer le corps en rythme tout en laissant les oreilles pleinement disposées à écouter avec attention la musique hypnotique de Civil Civic.
Après quelques EP et singles, le groupe sort enfin en 2011 son premier album, "Rules", pour notre plus grand plaisir ! Un album inspiré, créatif, entièrement instrumental, et original de par sa formule.
Les deux gaillards à l'allure joviale nous jouent une musique qui, si elle ne révolutionne certes pas son genre, à au moins le mérite de poser sa pierre sur le grand édifice de la musique électronique. N'ayant rien à envier aux grands noms (commerciaux) du genre, les mélodies au synthé efficaces s'imposent sur la linéarité de la rythmique, comme le démontre les titres Airspray et Run overdrive en ouverture d'album.

Électronique, oui, mais pas que ! Aux gros sons electro de synthés viennent se poser des influences noise parfois mais surtout post-punk. On nottera dans cet exemple les intros des très bons Grey Nurse et Street Trap, où la guitare s'emporte face aux dynamiques coups de marteaux de la boîte à rythmes. De très agréables touches aériennes viennent également parsemer cette musique, délicatement posées par une guitare planante ou, en fond, des nappes sonores électroniques du plus bel effet. On les entendrait presque chanter !

La face B s'ouvre sur Lights On A Leash, semblant peut-être reprendre simplement des procédé dansants de la musique électronique actuelle, mais est une véritable bombe qui prend tout son sens en concert. Le groupe se donne à coeur joie, n'hésite pas à partir loin, à se faire plaisir et à faire plaisir à l'auditeur. Mélodies endiablées à la guitare, basse distordue qui se mêle parfaitement à la boîte à rythme pour faire vibrer le public. Et comment résister de bouger et de plâner lorsque la guitare s'envole, sur la fin, en compagnie d'une déferlante électronique plus que communicative !

Une musique qui offre alors une parfaite combinaison de rock déchaîné, de guitare reverbée, d'une basse pleine de disto mais aussi de vie, de mélodies synthé qui peuvent rappeler les années 80, et d'une rythmique entraînante, puissante, qui sait tout de même laisser sa place aux musiciens, authentiques magiciens de leurs instruments. A ne surtout pas râter en concert, vous l'aurez naturellement compris.

[Critique écrite en juin 2013]